Journal du voyage fait par ordre du Roi à l'Equateur

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INTRODUCTION

appelée Nabouço, voifine des villages indiens de Pempè &

Septembre. de Guanando, où l'on recueille de fort belle cochenille, fur, Carrière de marbre, &c.

Et d'ardoife.

Rivière dont le courant eft de 4 toifes par feconde.

Station à Moulmoul. A Igoalata.

une efpèce particulière de ces arbuftes à feuilles épineufes, appelés Opuntia par les Botaniftes, & vulgairement nommés Raquettes. La bafe de la montagne de Nabouço eft de marbre : dans les ravines des environs, j'en découvris de trèsbeaux, & richement veinés de diverfes couleurs. J'y vis auffi des rochers d'une pierre blanche auffi tranfparente que l'albâtre, & plus dure que le marbre. Elle fe caffe par éclats, & rend beaucoup d'étincelles : on m'a depuis affuré qu'elle le liquéfioit à un feu violent : je foupçonnai qu'elle pouvoit être utilement employée à la porcelaine, & j'en recueillis plufieurs fragmens, qui faifoient partie de l'envoi que je fis en 1 7 4 0 pour le Cabinet du Jardin du Roi. Je trouvai auffi, en defcendant plus bas, une carrière d'ardoife, dont on ne fait aucun ufage dans le pays : cette pierre n'y eft pas même connue. Pour arriver à notre pofte, il nous avoit fallu paffer à Pénipè la rivière d'Atchambo, fur un de ces ponts de réfeaux de lianes dont j'ai déjà parlé : celui-ci étoit long de 20 toiles ; la vîteffe du courant, que nous mefurâmes M. Bouguer & moi, étoit en ce lieu de quatre toifes par feconde. Arrivés à Nabouço, le féjour nous en parut délicieux : nous n'étions pas accoûtumés à trouver fur nos montagnes, des bois, des prairies, & des promenades charmantes, ni à rencontrer, en fortant de nos tentes, des tapis de verdure émaillés de fleurs. A peine eûmes-nous le temps de jouir de ces agrémens : la douceur du climat & la férénité du ciel nous mirent à portée d'achever nos opérations en vingt-quatre heures. Notre fort étoit de ne prolonger nos féjours que dans les poftes dont nous aurions defiré nous éloigner le plus promptement. Tels avoient été les deux précédens : le premier nommé Moulmoul, moins incommode par fa hauteur, que par les orages que nous y effuyâmes : le tonnerre y tomba très-proche de notre tente : le fecond appelé Igoalata, rocher aride, Si l'une des plus hautes & des plus difficiles de nos ftations, quoique


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