Recueil des lettres de la Vénérable Anne-Marie Jahouvey. Tome cinquième

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nous y sommes presque accoutumées. Nous sommes tristes malgré nous, car pourquoi ne pas accepter les maux que nous ne pouvons pas empêcher, comme une juste pénitence pour nos péchés et ceux de tant de malheureux égarés par l'orgueil et les penchants au mal. Dieu est mécontent, sa loi méprisée ; il nous demande si nous voulons faire comme le monde. Répondons par notre dévouement à remplir les devoirs de notre saint état; aimons les pauvres, soulageons-les, instruisons la jeunesse, apprenons-leur les devoirs qu'ils ont à remplir envers Dieu et le prochain; c'est ainsi que nous désarmerons la justice de Dieu envers les hommes. Nos maisons vont bien ; partout on se plaint de la misère commune, mais on est soumis. On ne sait pas encore comment se trouveront les colonies de la liberté sans indemnité actuelle ; il y aura nécessairement une grande misère, mais il faut espérer qu'il n'y aura pas guerre civile. Nos Sœurs travaillent avec zèle à préparer la jeunesse de couleur à cette grande et sage mesure. Mais que va devenir le travail ? Il est à craindre que les vivres manquent. Prions beaucoup, surtout pendant ce beau mois de Marie, où il semble que la ferveur est plus grande que dans aucun temps de l'année. Si vous saviez ce qu'il y a de ferveur à Paris ! comme les peines et les chagrins ramènent vers Dieu ! Là seulement on trouve des consolations. Courage, mes bien chères filles, ne perdons pas notre temps, il est peut-être bien court. Soyons toujours prêtes à paraître devant Dieu ; aimons nos devoirs, remplissons-les toujours pour plaire à notre divin Époux qui nous en récompensera pendant l'éternité. Adieu, mes bien bonnes filles des deux maisons Saint-Pierre et Miquelon. Croyez à mon parfait attachement. Votre Mère.


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