La fièvre jaune à la Guyane avant 1902 et l'épidémie de 1902

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LA FIÈVRE J A U N E À LA G U Y A N E

AVANT

1902

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« M Ra.. ., f e m m e d'un surveillant militaire, est âgée de 23 a n s ; d'une complexion délicate, déjà m è r e cependant d e d e u x enfants dont u n nourrisson, elle est par surcroît coutumière d'imprudences a u soleil. D e p u i s deux m o i s qu'elle est dans la colonie et surtout depuis 15 jours, elle est en proie à u n état subfébrile avec « malaise général, inappé­ tence». Elle s'acclimate, croit-on. L e 1 m a r s , elle est prise de «fièvre violente avec vomissements bilieux, prostration», état p o u r lequel le m é d e c i n lui conseille d'entrer à l'hôpital. Elle y arrive le lendemain, 9 m a r s . L à les s y m p t ô m e s d u début persistent avec intensité, m a l g r é u n traitement énergique (antipyrine, quinine, bains, s é r u m artificiel...); la température reste toujours élevée, le pouls faible, à 100 pulsations, les vomissements toujours bilieux et incessants. L e l e n d e m a i n , 3 m a r s , la température baisse d e 39°8 à 3 7 ° 9 , puis 3 7 ° 3 ; le pouls se relève, m a i s les vomissements changent d'aspect: ils sont noirâtres, absolument m a r c d e café, se produisent e n fusées, souillent la m a l a d e , la literie et m ê m e l'entourage. E n m ê m e t e m p s , apparaissent le délire, le h o q u e t et la paralysie glossolaryngée. . . L a m a l a d e , qu'on essaye d e soutenir encore par l'éther, la caféine, le C h a m p a g n e frappé, t o m b e d a n s le c o m a et expire à six heures d u soir. L e cadavre, le lendemain m a t i n , présentait u n e teinte sâfranée intense très caractéristique, a p p a r u e p e u après la m o r t ( C h a n a u d , R a p p o r t d u 5 m a r s ) . P a s d'autopsie. M . et M Fl.. . . et leur enfant âgé de 4 a n s , proviennent de SaintJean, o ù ils sont t o m b é s m a l a d e s , le 28 février, avec d e la fièvre, d e l'embarras gastrique, des nausées. . . Ils arrivent à l'hôpital d e Saint-Laurent le 1 m a r s soir, et m e u r e n t , l'enfant le 2 a u m a t i n , la m è r e le 3 a u soir, tandis que le m a r i guérit. C h e z l'enfant, la lièvre n e cède pas u n seul instant, s'accompagne à l'arrivée d'une syncope grave, bientôt suivie jusqu'à lafin,d e c o n ­ vulsions, m a l g r é la mise e n usage d e bains c h a u d s , des injections d e caféine et d'éther. O n crut à des accidents vermiformes puis à u n e fièvre pernicieuse convulsive et finalement le cas n e fut pas classé. ( D é p ê c h e d u 2 mars.) C h e z la m è r e , la fièvre d'abord élevée à 3 9 ° 6 et 4 o 3 , subissait le 2 m a r s u n e légère défervescence à 38° 6 et 38" 3. Alors, les v o m i s s e m e n t s , de vert foncé deviennent noirâtres, u n p e u visqueux, très abondants, e n fusée. L a l a n g u e , les gencives, les lèvres se recouvrent d'un enduit adhérent, pâteux et très noir. L e délire, le er

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