La fièvre jaune à la Guyane avant 1902 et l'épidémie de 1902

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LA FIÈVRE JAUNE É LA G U Y A N E

AVANT

1902

mission le jetèrent a u milieu de la route, la, face tournée sur u n sol brûlant. L e poste qui était sur l'habitation fut obligé d'y mettre ordre. . . Arrivé à cayenne, il expira le 7 juin 1796, les yeux entr'ouverts, les m e m b r e s retournés, en vomissant des flots de sang et d'écume. Saint-Aubert, c o m p a g n o n

d'exil d ' A n g e P i t o u , fut atteint

d'une fièvre d e m ê m e n a t u r e , m o i n s d e cinq m o i s après s o n arrivée à la G u y a n e , e n d é c e m b r e 1798. A p r è s u n e course d e plusieurs lieues d a n s le fond d u d é ­ sert, il revint à K o u r o u , à travers les pripris, le 23 d é c e m b r e . Il dînait avec nous chez M . Gollin, raconte A n g e Pitou. Il s'endort subitement; a u bout de quelques heures de léthargie, il se réveille e n sursaut, s'agite c o m m e s'il eût avalé d u p l o m b f o n d u : il é c u m e et vomit des flots de sang caillé mêlé de pus. 11 retombe ensuite dans son premier s o m m e i l , sans voix, sans connaissance, les yeux hagards, enfin dans u n état mixte entre la m o r t et la vie. Plus il est robuste, plus la nature faisait d'efforts p o u r l'acclimater. N o u s c r û m e s q u e le lende­ m a i n , il n'existerait plus: mais il vivait, ou pour m i e u x dire il végé­ tait, il n e se plaignait point, il avait les y e u x ouverts et il n e voyait rien, n'entendait rien, n e demandait rien, n e pouvait rien, ne sentait rien. S o n corps exhalait u n e odeur cadavéreuse, sa langue et ses lèvres étaient noires et gonflées. . . D u 24 a u 25, après des hauts et des bas, «il revient à lui, s'ali­ m e n t e , se l è v e , et quoique « faible, au bout de cinq jours fut rétablie. 1802. —

E n 1809 eut lieu u n e explosion d o n t l'historien

L e b l o n d et, après lui, Bally et K e r h u e l n o u s o n t transmis la relation. Les expéditions françaises portèrent e n A m é r i q u e beaucoup d'Euro­ péens n o n acclimatés. L e général D e p o u g e s arriva à G a y e n n e avec u n corps de 3 o o h o m m e s . Environ u n mois après leur d é b a r q u e m e n t , la peste occidentale pénétra parmi eux et e n p e u de t e m p s , le général, le c o m m a n d a n t de la place et 200 soldats avaient péri . (1)

F o r c e fut a u chef d e la colonie d e r é c l a m e r officiellement d e nouvelles troupes (2). (1) BALLY, loc. cit., p. 78, d'après Leblond, in Observations sur ia fièvre jaune et, sur les maladies des tropiques, p. 226. (2) Victor HUGUES, Lettre de 1802 , in Archives du Gouvernement de Cayenne.


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