Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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— 309 — auprès des autorités indigènes. Celles-ci se composent de Caïds assistés de leurs lieutenants ou Khalifats. Ils sont chargés du maintien de l'ordre et de la perception de certains impôts. Autrefois, avant le contrôle des représentants de la France, les Caïds se permettaient de faire le recouvrement des taxes avec une entière désinvolture; la délicatesse et l'honnêteté étaient bien le moindre de leurs soucis. Depuis que les Caïds sont obligés d'avoir des registres à souches où ils doivent inscrire les recettes et délivrer aux indigènes des reçus de ce qu'ils ont payé, ceux-ci ne sont plus exposés à devoir payer deux fois les mêmes comptes. Avant l'occupation française, les Caïds achetaient leurs charges du gouvernement tunisien. Cela donnait lieu aux plus scandaleux tripotages; les ministres s'enrichissaient impudemment avec l'argent offert par les Caïds et ceux-ci s'enrichissaient à leur tour en volant effrontément le peuple. Après les Caïds viennent les Cheicks, espèces de chefs de village ou de bourgmestres. Les contrôleurs exercent aussi les fonctions d'officiers de l'état civil, même celles de notaires, une institution spéciale de ceux-ci n'existant pas encore. Là, où le tribunal du juge de paix se trouve à une trop grande distance, les contrôleurs le remplacent dans ses fonctions. Indubitablement, ce mélange de fonctions administratives et judiciaires doit donner lieu à des inconvénients; mais il faut tenir compte que la colonie en est encore à ses débuts et, qu'en attendant une organisation meilleure et plus complète, on ne saurait condamner ce qui existe. D'ailleurs, dans toute colonie, il faut s'efforcer de simplifier autant que faire se peut les rouages de toutes les administrations sans distinction aucune. Il faut éviter les nombreuses, coûteuses et inutiles paperasseries en usage dans la métropole; restreindre, autant que possible, le nombre des agents et des fonctionnaires ; laisser à ceux-ci une certaine liberté d'action mais en leur imposant une grande responsabilité. Un tribunal de première instance fonctionne à Tunis et six justices de paix sont établies à Tunis, à La Goulette, à Bizerce, à Lousse, à Sfax et à Kef ; les fonctions de juges de paix et de magistrats de tribunal de première instance sont remplies par des Français. Les tribunaux français connaissent, en général, des litiges entre Européens et Tunisiens; des crimes, délits et contraventions.


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