Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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— 282 — La Guyane est devenue depuis longtemps déjà une colonie pénitentiaire principalement destinée aux forçats ; puis, en 1885, le gouvernement français décida d'y envoyer égalemeut les récidivistes endurcis. Les résultats, au début, ne furent pas brillants parce qu'on négligea l'importante question de la moralisation. Ce ne fut qu'en 1860, qu'une réforme salutaire fut introduite et, peu à peu, on suivit le système pénitentiaire que les Anglais avaient inauguré, avec succès, en Australie. Mais l'importance de la Guyane, comme colonie pénitentiaire, s'est considérablement amoindrie depuis que la Nouvelle Calédonie a reçu la même destination. Cependant, il n'est pas sans utilité de continuer à la Guyane ce qu'on y a commencé, car, il est incontestable, comme nous l'avons démontré en parlant des débuts de la colonisation en Australie, que la main-d'œuvres des condamnés et pour la construction des routes et pour les défrichements, en un mot, pour tout ce qui concerne les travaux préparatoires d'une colonie naissante, peut être de grande utilité. Nous savons qu'un faux sentiment d'humanité a, parfois, prévalu pour combattre la création de colonies pénitentiaires dans des endroits réputés plus ou moins salubres. Mais est-il inhumain d'envoyer des condamnés, et surtout ceux de la pire espèce, là où les explorateurs n'hésitent pas de pénétrer, où les ouvriers libres vont gagner leur pain et où l'on fait séjourner les soldats chargés de défendre les intérêts de la métropole? D'ailleurs comme nous l'avons vu et comme nous le verrons encore plus loin, l'acclimatation n'est souvent qu'une affaire de temps et de mesures hygiéniques à observer. En général, toutes les terres vierges, au commencement de leur mise, en culture, sont plus ou moins nuisibles à la santé ; plus elles sont fécondes, plus leur humus est profond, plus la couche des végétaux est épaisse, et plus elles ont ce caractère. Tel était l'état des immenses territoires, des forêts sans limites, que l'homme a conquis à la production dans toutes les parties du monde. Le paludisme n'est, d'ailleurs, que passager ; il est inhérent à la nature brute; mais la culture, la plantation de certaines essences d'arbres, etc., parviennent à en triompher. Si la crainte des fièvres paludiennes et la peur de la fièvre jaune avaient arrêté les courageux colonisateurs en Afrique, en Amérique, au Brésil, au Mexique, que seraient devenus la civilsation et le progrès ? La Guyane, a dit Malouet dans ses savantes études sur l'agriculture et la colonisation, devrait à elle seule pouvoir nourrir toute la


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