Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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— 245 — lorsque le gouvernement anglais eut pris la mesure de leur donner gratuitement, comme ouvriers, les condamnés transportés, à la seule condition de les nourrir, les vêtir et les loger. Le gouvernement donnait aux colons libres des terrains et tout ce qu'il fallait pour les cultiver. C'était une idée heureuse ; elle attira de nombreux colons et le gouvernement se déchargea de dépenses considérables. Il avait alors déjà dépensé plus de 7 millions de livres sterling, soit plus de 175 millions de francs, pour les premiers établissements pénitentiaires et pour les logements des soldats qui devaient les garder. En créant ces colonies pénitentiaires, le gouvernement anglais avait pour but, d'abord de débarrasser la métropole d'une population nuisible et malfaisante ; ensuite de diminuer les dépenses qu'exigent les prisons, les détenus et leurs gardiens; puis, d'essayer d'amender ces malheureux et d'en faire des ouvriers utiles; enfin, de fonder des sociétés nouvelles qui pourraient accroître la puissance et la richesse de la métropole. Il n'était certes pas difficile d'atteindre le premier de ces buts, rien n'étant plus facile que de purger la mère-patrie des éléments malsains frappés par la loi. Mais autre chose était d'obtenir les autres buts visés. Eh bien, le gouvernement anglais parvint à vaincre tous les obstacles et voici comment. Dans un de ses discours prononcés au Parlement, lord John Russell disait, en 1839, en parlant des colonies pénitentiaires en question, que la dépense annuelle d'un prisonnier coûtait en moyenne 19 livres, chiffre rond, au gouvernement, c'est-à-dire 475 francs; tandis que dans l'Australie les condamnés aux travaux forcés, non autorisés à travailler pour les colons, ne coûtaient que 14 livres ou 350 francs, et les autres convicts, travaillant chez les colons, seulement 4 livres ou 100 francs par an. Comme c'étaient surtout ces derniers condamnés qui étaient nombreux, l'économie réalisée était donc notable. Faisons remarquer, en outre, que dans la dépense de 14 livres relative aux premiers condamnés, il n'est pas tenu compte de ce que le travail des convicts a produit. Comme nous venons de le voir, les condamnés étaient divisés en deux classes. Les moins nombreux, c'est-à-dire ceux condamnés aux travaux forcés, étaient employés à la construction des routes et des ports. Ils rendaient là des services considérables, les routes et les ports étant de très grande importance dans une colonie nais-


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