Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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— 238 — Nous voici arrivés à la période la plus brillante et la plus prospère de la Compagnie, c'est-à-dire celle comprise entre les années 1662 à 1689. Elle fut marquée, en dehors de l'énorme et fructueux trafic de la Compagnie, par une importation en Angleterre qui devait désormais jouer un rôle des plus importants dans son commerce intérieur et extérieur. Nous voulons parler des premières caisses de thé reçues de Bantam en 1669. Faisons remarquer que, dès 1641, les Hollandais avaient importé le thé en Europe, mais il était réservé aux Anglais d'en faire une consommation populaire de le vulgariser dans presque tous les pays et d'en importer annuellement en Europe pour plus de cent cinquante millions de francs. Mais le coup qui avait frappé la Compagnie, en 1655, devait se renouveler en 1693. Le Parlement anglais, en renouvelant l'acte de la charte de la Compagnie, lui enleva le monopole du commerce des Indes; désormais tout commerçant d'origine britannique pouvait y prendre sa part. Peu après, la Compagnie des Indes Orientales eut une assez longue guerre à soutenir contre le Grand Mongol ; elle eut le bonheur de la terminer par un traité avantageux pour elle. Puis, en 1696, elle fit une importante acquisition, celle de Calcutta. Le commerce des Indes, devenant chaque année de plus en plus considérable, le gouvernement de la métropole, désireux d'en tirer lui-même quelques beaux profits, établit des droits à l'importation des produits indiens; mais il allégea cette mesure en accordant à la Compagnie, pour une durée de trois ans, le monopole du commerce avec tous les pays situés entre le Cap de Bonne-Espérance et le détroit de Magellan. Mais, poussé par le besoin d'argent, que les droits sur les marchandises des Indes ne pouvaient satisfaire qu'en partie, le gouvernement britannique crut de son intérêt de créer une seconde Compagnie des Indes Orientales. Celle-ci lui offrit, en effet, de lui prêter, en échange de sa charte, une somme de cinquante millions de francs à raison de 8 p. c. d'intérêt par an. Le gouvernement accepta et la charte fut accordée le 5 septembre 1698.

Cette nouvelle Compagnie, en possession de grands capitaux et qui, comme on vient de le voir, savait les placer à très beaux inté-


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