Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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— 374 — Il est difficile de parler de l'établissement des chemins de fer en Afrique, sans soulever une objection de l'insuffisance probable du trafic. Cette objection est peu fondée, et il nous sera facile de la détruire. Si le grand Transafricain devait être entrepris par une simple société d'actionnaires, livrée à ses seules forces et obligée de servir des intérêts immédiats au capital qu'elle aurait appelé, certes, l'entreprise pourrait être très aléatoire, tout en ne doutant pas qu'avec le temps, elle ne devienne une affaire avantageuse. Mais nous croyons que la méthode la plus rationnelle à adopter en matière de grands travaux d'utilité internationale, est de faire concourir à ces travaux les Etats intéressés, soit par une contribution d'argent, soit par une garantie d'intérêts. Au risque de nous répéter, creusons encore cette idée ; plus on frappe sur un clou et plus il pénètre profondément. Le Transafricain se prêterait parfaitement bien à cette combinaison, et il suffirait que les trois principaux intéressés, la France, l'Angleterre et l'Allemagne en prirent l'initiative, car elles grouperaient facilement autour d'elles la Belgique, la Hollande, l'Italie, l'Espagne et le Portugal. Il est même à supposer que l'initiative combinée de l'Allemagne et de la France suffirait pour déterminer l'adhésion générale, car l'Angleterre ne voudrait pas rester en dehors d'une combinaison franco-allemande, à causes de ses intérêts. Une société d'études s'est formée il y a quelque temps à Paris en vue de réaliser, ou pour être plus correct, en vue de faciliter la réalisation de cette grande entreprise. Ses travaux avancent lentement car elle doit faire de nombreuses démarches dans les milieux diplomatiques à Berlin, à Paris et à Londres, et l'on sait quelle est la lenteur proverbiale de la diplomatie. Le point le plus intéressant serait, au début, de fournir une base rationnelle au partage de l'Afrique et d'aller au-devant des inévitables conflits et des chocs qui se produiraient sans l'établissement de cette ligne centrale ; cette voie serait, en effet, une véritable ligne de démarcation. Le premier bénéfice, pour les puissances adhérentes au projet, serait de s'épargner mutuellement les frais de ces conflits futurs. Il serait à lui seul plus important que le montant des débours éventuels que nécessiterait une garantie collective d'intérêts.


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