Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

Page 16

— 228 — faut avoir non seulement d'énormes ressources, mais encore le caractère rudement trempé pour triompher des obtacles, des pertes essuyées et de l'atteinte portée à l'amour-propre national Mais l'Angleterre impassible et froide, mercantile avant tout, sut faire la part au feu et bientôt ne songea plus qu'à réparer ses désastres en développant ses relations commerciales avec ces mêmes pays qui venaient de se soustraire à sa puissance. Une longue vie commune avait donné aux deux peuples les mêmes mœurs, les mêmes habitudes, la même langue et les mêmes aptitudes commerciales. Ils possédaient la même intelligence, le même désir du lucre, la même indifférence sur les moyens à employer pour faire fortune. Dans ces conditions, une fois les armes déposées, l'entente n'était pas difficile, d'autant plus que les vainqueurs avaient besoin des vaincus. En effet, après une guerre aussi longue et un chômage si prolongé, les finances de ceux qui venaient de prendre place parmi les nations sous le titre des Etats-Unis d'Amérique, n'étaient guère en bon état ; ils avaient besoin de crédit et de capitaux et nulle part ils ne pouvaient espérer de les trouver plus facilement qu'en Angeterre, parfaitement au courant de leurs ressources et par conséquent de leur solvabilité. Les exportations de l'Angleterre pour ses colonies d'Amérique qui, avant la guerre, avaient été en moyenne, de 1771 à 1773, de 3,064,000 livres sterling par an, s'étaient élevées, après leur émancipation, à 3,350,864 livres sterling, dès 1784. Cette augmentation était considérable si l'on tient compte de la situation réciproque au lendemain de la guerre. Mais ce n'était là qu'un commencement. En 1806, les exportations de l'Angleterre aux Etats-Unis se chiffrèrent par 12,380,000 livres sterling, soit une augmentation de plus de 9 millions. Cependant, par un entêtement inconcevable, l'Angleterre persista à maintenir son système colonial aux Antilles. Ce fut la cause de la ruine des Antilles anglaises. Commerçantes et prospères à la fin du XVII siècle et au commencement du XVIII , elles commencèrent à décliner vers le milieu de ce dernier siècle. Elles ne purent lutter avec les Antilles françaises qui avaient pris un grand développement, grâce à leur système colonial ; elles ne subissaient pas, en effet, la désastreuse prohibition du raffinage du sucre et ce régime seul suffisait pour leur donner une supériorité marquante sur les Antilles anglaises. e

e


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.