Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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LE TRANSCASPIEN.

Il y a une vingtaine d'années à peine, les voyageurs et les productions des Indes devaient doubler le Cap de Bonne-Espérance, dont il a été question si souvent dans cet ouvrage, et franchir par mer en quarante-deux jours, 10,400 milles avant de mouiller dans les eaux de la Tamise. L'Isthme de Suez a réduit cette traversée si longue à 6,000 milles et à vingt-quatre jours. C'était, à coup sûr, un heureux résultat puisqu'on pouvait doubler, et même davantage, chaque année, le nombre des voyages entre l'Angleterre et les Indes. Mais voici mieux encore : En 1880, le général russe Annenkoff, que nous avons eu le plaisir de voir au Congrès colonial de Bruxelles en 1897, développa le plan du chemin de fer transcaspien dans un livre intitulé : L'Oasis d'Akkal-Tekke et les roules de l'Inde, que nous avons sous les yeux. Ce fut alors une explosion d'enthousiasme en Russie ; le général aurait gagné vingt batailles qu'il n'eut pas été plus acclamé, car on regardait, avec raison, comme la meilleure consolidation des conquêtes transcaspiennes, une voie ferrée qui, faisant suite au système des chemins de fer russes, allait pénétrer au cœur même de l'Asie centrale. A Londres, au contraire, on affecta pour le projet Annenkoff le même sceptisme railleur que celui qu'on avait montré, vingt-cinq ans auparavant, pour le projet de percement de l'Isthme de Suez. On le traita d'utopie, comme on avait traité l'autre, et cependant ces deux utopies sont devenues aujourd'hui des réalités. Il a suffi au général Annenkoff de quatre années pour établir sa ligne entre


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