Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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— 354 — de l'Union coloniale française. Et il est bien certain qu'il est d'une politique habile de faire passer aux colonies le développement agricole avant l'expansion commerciale. Le commerçant retourne en Europe une fois fortune faite. L'agriculteur s'attache et reste. Il prend racine dans le sol comme la plante qu'il sème, et il peuple le pays de ses descendants. Tant que l'agriculture ne s'est pas développée dans un pays neuf, les opérations du commerçant sont limitées par la pauvreté des habitants et le petit nombre des produits échangeables. L'agriculteur aux colonies doit précéder le commerçant. C'est au premier de multiplier les denrées contre lesquelles le second viendra échanger ensuite les marchandises d'Europe. L'âge de l'agriculture, c'est le titre d'une brochure que M. Chailley-Bert a consacrée l'an passé à démontrer cette vérité; c'est aussi l'expression qui caractérise cette première étape que les colonies doivent parcourir. Malheureusement, l'expérience ou les moyens d'y suppléer manquent trop souvent aux Français qui veulent aller fonder des entreprises agricoles dans les pays neufs. Que de capitaux sont ainsi gaspillés sans profit et, ce qui est plus triste peut-être, que de bonnes volontés découragées ! Remédier à cet état de choses, c'est l'objectif que se proposent d'atteindre, par des moyens sans doute différents, les orateurs dont j'ai parlé. C'est dans le développement de l'agriculture que réside l'avenir des. colonies.

" Une seconde idée, qui corrobore la précédente, c'est que certaines richesses naturelles sur lesquelles les Européens se jettent aujourd'hui, avec plus d'activité que de réflexion, pourraient bien un jour disparaître si l'on n'y prend garde. A couper brutalement des lianes et à tuer des jeunes éléphants, on risque de priver nos descendants de caoutchouc et d'ivoire. Sans doute, les ressources de l'Afrique équatoriale sont immenses, mais elles ne sont pas inépuisables. Il y a certains symptômes inquiétants, tels que la diminution du poids moyen des dents d'éléphant qui arrivent sur le marché d'Anvers. Déjà au Congo belge et ailleurs, on a pris des mesures : défense de couper les lianes à caoutchouc que l'on doit seulement inciser superficiellement pour permettre au latex de s'écouler, création de territoires de réserve dans lesquels la chasse à l'éléphant est interdite pendant tout ou partie de l'année, etc. M. Bour-


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