Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

Page 13

— 225 — nations, mais surtout de la part des colons. Des soulèvements eurent lieu dans la Virginie; le Massachusets et Rhode-Island ne l'acceptèrent que contraints et forcés longtemps après sa promulgation. L'acte de navigation subit divers changements à la fin du X V I I siècle et au commencement du XVIII , mais qui changèrent bien peu son caractère exclusif. On pourrait le résumer en deux mots : un échange de faveurs et de restrictions ; les habitants de l'Angleterre s'engageant à ne consommer que des produits de leurs colonies, et les colons s'engageant à n'employer que des objets manufacturés en Angleterre. C'était bien un système économique dirigé contre tous les pays étrangers. Mais, comme nous l'avons dit, c'était surtout une arme meurtrière dirigée contre l'opulente marine hollandaise dont l'Angleterre, depuis fort longtemps, méditait la ruine. Mais l'esprit de domination et le cruel égoïsme de l'Angleterre, qui caractérisaient à cette époque tous ses actes, devaient bientôt se montrer dans toute leur insatiable convoitise au sein même de ses propres colonies. Ainsi, il leur était défendu de créer des manufactures. C'était leur causer un préjudice considérable, car la plupart possédaient les meilleurs éléments pour réussir dans cette industrie; mais elles auraient pu nuire aux manufactures anglaises qui trouvaient dans ces colonies d'excellents débouchés. Elles ne pouvaient même pas avoir des forges pour fabriquer les outils nécessaires à l'agriculture. Cette défense visait principalement les colonies d'Amérique continentale. En voici une autre qui frappait douloureusement les Antilles. Des droits impitoyables, voisins de l'interdiction, étaient prélevés sur le raffinage du sucre. C'est ainsi que lorsque le sucre jaune des colonies ne payait, par centner, que 6 shellings 4 pence, et le sucre blanc 21 shellings, à leur entrée en Angleterre ; le sucre raffiné devait payer une taxe de 82 shellings 5 pence par centner. C'était uniquement pour favoriser les raffineurs de la métropole que ce dernier était si lourdement imposé. En outre, le sucre non raffiné donnait un fret plus grand à la marine, autre circonstance dont les rapaces Anglais tenaient compte. Par contre, certains produits coloniaux, nécessaires aux marchands et aux manufacturiers de la mère-patrie, jouissaient de m e

e


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.