Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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elles renouvelleront un jour tout le système colonial, et, se débarrassant successivement des frais de souveraineté, elles s'enrichiront des profits du commerce. " Rapprochez ces paroles de ce que nous avons dit plus haut et vous serez convaincu que tout le système économique et politique, pratiqué par l'Allemagne dans ses possessions coloniales et ailleurs, n'a pour but que les intérêts de son commerce et de son industrie. Et là, où cet intérêt égoïste domine en maître, disparait cette grande et sublime mission qui devrait accompagner toute entreprise coloniale et qui se résume en trois mots: humanité, civilisation et progrès. Toute la doctrine de M. de Bismarck, dont certains font état, s'écroule, parce que, sans colonisation, il est impossible aujourd'hui de développer le commerce ou de l'entamer seulement avec les pays d'Afrique et de l'Extrême Orient. Essayez donc d'y faire le commerce, de tirer profit de leurs richesses naturelles, sans établir des routes, des chemins de fer, des services maritimes, etc. ! Que l'Allemagne, sans coloniser, sans civiliser, sans délier sa bourse, profite de ce que les autres nations font à grands frais, c'est son égoïste affaire ; mais si les autres peuples agissaient tous comme elle, où donc le commerce, tant vanté et tant convoité, se trouverait-il? Le discours de M. de Bismarck retarde de plusieurs siècles; alors, comme nous l'avons vu dans cette longue étude, il était possible de s'enrichir sans faire ce qui est aujourd'hui d'impérieuse nécessité, Et nous serions curieux de voir si, attaquée ou lésée dans ses intérêts coloniaux, l'Allemagne ne serait pas la première à prendre les armes, quoique la souveraineté coloniale, selon de Bismarck, ne signifie plus rien.


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