Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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— 49 — que des droits honorifiques sur leurs colonies ; elles leur étaient plus à charge à cause des guerres dans lesquelles elles les entraînaient qu'elles ne leur étaient utiles pour les avantages matériels qu'ils en retiraient. Ce ne fut que plus tard, lorsqu'une flotte puissante leur permit de parcourir les mers en tous sens, qu'ils donnèrent carrière à l'esprit mercantile. Quintus Curtius, liv. IV, chap. II, dit que les lois, d'après lesquelles se réglaient les rapports des colonies avec la métropole, étaient les mêmes chez les Grecs que chez les Phéniciens. Il nous est donc permis de présumer que le peuple le plus nouveau les avait empruntées au plus ancien. Si nous consultons Hérodote, il nous apprend, liv. I, chap. I, que les Phéniciens allaient souvent porter à Argos, l'une des principales villes de l'ancienne Grèce, des marchandises de l'Assyrie et de l'Egypte. On peut en conclure que les Grecs fréquentaient également les ports phéniciens et que les deux peuples se réunissaient parfois pour des expéditions importantes. Il nous semble, d'après cela, qu'il est assez probable que les premiers chefs de colonies qui vinrent dans la Grèce étaient Pheniciens. Quelques savants, et notamment de Sainte-Croix, pensent que ces premiers colonisateurs faisaient partie de ces Egyptiens qui furent chassés de leur pays par les Pasteurs. Or, ces Pasteurs, qui étaient eux mêmes des Phéniciens, durent commencer par s'emparer des ports et nous voyons effectivement dans Josephe, tome II, p. 445, qu'ils s'attachèrent principalement à fortifier Paluse; on ne voit donc guère où les Egyptiens auraient pu s'embarquer ; d'ailleurs, où auraient-ils pris les vaisseaux, eux qui avaient la mer en horreur? Lors même qu'ils auraient réussi à s'en emparer, ils n'avaient pas encore assez de connaissances dans l'art de la navigation pour pouvoir entreprendre un aussi long voyage.

Ce fut probablement dans le cours de quelques-uns de ces voyages qu'ils faisaient, dès les temps les plus reculés, en Italie pour le commerce, que les Phéniciens, ayant à leur tête Inachus, eurent l'idée de former un établissement dans le golfe qui précède immédiatement le promotoire Molée, si célèbre par ses tempêtes. Inachus n'était sans doute qu'un chef de marchands, ce qui n'empêchait pas


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