Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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— 30 — Ces villes expédiaient au loin des objets confectionnés par leurs manufactures dont le développement était aussi considérable que leur travail était parfait; des armes, des meubles, des bijoux, des amulettes, et surtout ces magnifiques tissus de laine et de lin si avidement recherchés par les étrangers; ces robes et ces tapis moëlleux dont la finesse et les vives couleurs ne pouvaient être égalées et qui ont gardé à travers les siècles un renom très justifié. Les tapissières occupaient à Babylone le premier rang parmi les principales industries. La fabrication en était réservée à Borsappa, petite ville située à proximité de la capitale. Cette fabrication occupait de nombreux ouvriers dont plusieurs étaient de véritables artistes. Ils possédaient un talent particulier pour préparer les modèles et combiner les couleurs ; dans leurs superbes compositions entraient des figures humaines ou symboliques, des groupes d'animaux, des allégories religieuses et des fleurs ; la finesse des broderies et la richesse des matières employées relevaient encore ces admirables produits. Bref, nous aurons donné une idée de la valeur de ces tapisseries babyloniennes lorsque nous aurons dit que, d'après Lucrèce et Plaute, elles tenaient la première place dans le luxe à jamais célèbre des familles patriciennes de Rome et dans les fêtes somptueuses données par les Césars. Métellus Scipion dépensa huit cent mille sesterces, soit 168,000 francs de notre monnaie, et Néron quatre millions de sesterces ou 840,000 francs, pour des tapisseries de Babylone. A signaler également les chefs-d'œuvre de la métallurgie babylonienne, sans rivale dans le monde ancien. Cette industrie s'attachait surtout à la fabrication des armes et c'est à la supériorité de celles-ci que les auteurs de l'antiquité attribuent le succès des légions assyriennes. Les rares spécimens de ces armes qui restent encore dans les musées d'antiquités attestent la délicatesse, le bon goût et le fini de la damasquinerie dont la tradition, transmise d'âge en âge, a rendu Damas et Bagdad célèbres au moyen-âge et même bien plus tard encore. Le commerce seul, d'après Strabon, avait porté Babylone à un tel degré de richesse et de prospérité qu'elle était devenue un objet d'admiration et d'envie de tous les peuples. Babylone possédait des comptoirs et des colonies jusque dans les régions de l'Indus. Parmi ces dernières, une des plus importantes était Gerrha, ancienne station de Chaldéens, qui servait d'entrepôt aux perles


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