Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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— 204 — Ces indigènes, en s'établissant sur ces terres, travaillent le sol, le défrichent et l'améliorent par des installations de rizières à leurs frais. Ils jouissent, par ces travaux, de certains droits incontestables à ce sol, et de là de nombreuses questions soulevées entre les propriétaires proprement dits et la population qui, par son travail, a contribué à la richesse. Pour éviter ces contestations, on introduisit, il y a une soixantaine d'années un règlement qui donnait aux indigènes établis desdroits d'emphytéose ; mais malgré cette innovation, les querelles n'en continuèrent pas moins, et, il y a dix ans, on était encore sous l'impression des événements qui s'étaient passés près de Buitenzorg, à Tjiomas, où les indigènes venaient de se révolter contre les procédés des grands propriétaires des environs.

Après ces renseignements sur la propriété agraire dont nul ne contestera l'intérêt, ni l'importance, il nous semble nécessaire de consacrer quelques pages aux différentes cultures qui font la richesse à l'exportation de Java ; rares sont les colonies qui fournissent un champ plus vaste aux enseignements de tous genres, commençons par les deux grandes cultures : le café et le sucre. Lorsqu'après la guerre de Java, 1825 à 1830, contre Dipo Negaro, prince du centre de l'île, on s'aperçut que l'état des finances était des plus mauvais par suite des armements continuels, le gouvernement chercha les moyens pour améliorer cette situation qui avait placé Java à deux doigts de sa perte. Le comte Van den Bosch, nommé gouverneur-général, introduisit le système de la culture forcée, en se basant sur les coutumes séculaires des princes javanais qui accordaient les deux cinquièmes du produit du sol à l'Etat. Le système introduit par Van den Bosch consistait à exiger de ces deux cinquièmes, la moitié, un cinquième en produits et l'autre en travail et terres. Ces terres devaient être plantées par le travail, avec des produits pour les marchés de la métropole, mais au lieu de les faire livrer gratuitement, on les fit payer d'après un certain tarif. Ainsi, le sucre, l'indigo, la cochenille, le café, le thé et le tabac furent pendant longtemps plantés et récoltés pour le compte du gouvernement.


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