Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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— 179 — L'origine de cette Compagnie remonte à 1617 et fut des plus modestes. En effet, son capital n'était que de trois millions de florins, versé par les quelques négociants hollandais créateurs de la Compagnie. Son but était d'explorer les côtes occidentales des Indes, d'y former des établissements et d'y amoindrir la puissance coloniale de l'Espagne. Pourtant, les négociations ayant duré longtemps, ce ne fut qu'en 1621 que la Compagnie fut définitivement installée. Les Etats-Généraux lui accordèrent le privilège de faire seule pendant vingt-quatre ans tout le commerce des côtes occidentales d'Afrique, depuis le tropique du Cancer, ainsi que des deux côtes d'Amérique, de la pointe de Terre-Neuve jusqu'aux détroits de Magellan et de Lemaire; de là, on remontait jusqu'au détroit d'Anian, plus tard appelé détroit de Behring. Les îles de l'Océan Pacifique jusqu'aux Molluques; les terres australes, encore si peu connues à cette époque, étaient comprises dans cette grande étendue. En outre, le gouvernement accordait une franchise générale de tous droits de douanes pendant une durée de huit ans. En présence de ces vastes et nombreux territoires à explorer et à mettre à profit, en présence aussi des privilèges accordés, le fond social fut élevé de 3 millions à 7,200,000 florins. Dès son début, la Compagnie s'occupa beaucoup plus à livrer la guerre aux riches colonies de l'Espagne et du Portugal que de la colonisation et du commerce. A peine constituée, elle arma des navires de guerre et les lança contre les galions des Indes et contre les comptoirs du Brésil. Pendant la période de 1623 à 1636, sa marine militaire enleva 545 vaisseaux espagnols et portugais dont les cargaisons vendues produisirent 90,845,000 florins. Il lui fut donc facile, pendant le même espace de temps, de posséder une flotte de huit cents vaisseaux de guerre et de commerce dont la valeur était évaluée à 45 millions de florins.

On eut dit une puissante association de corsaires ne sillonnant les mers que pour les piller. Mais la Compagnie ne bornait pas là ses exploits. Encouragée par les heureux résultats de ses auda-


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