Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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— 124 — et des offrandes du Saint-Siège confiée à des banquiers. Mais nous devons faire remarquer qu'à cette époque, l'extrême complication des monnaies, qui faisait de la connaissance de l'argent une véritable science, rendait l'intermédiaire des banquiers et changeurs indispensable. Non seulement chaque pays, mais chaque ville, avait ses monnaies multiples, compliquées et très lourdes. L'or avait disparu sous les Carolovingiens, on n'avait plus guère de monnaie que d'autres métaux. Il en résultait de grandes difficultés surtout pour le commerce. Heureusement, les banquiers florentins en triomphèrent en créant la lettre de change. Certains auteurs prétendent que ce furent les Juifs qui avaient inventé les premiers ce mode de paiement et que les Vénitiens s'en servaient déjà, lors de la première croisade, dans leurs transactions commerciales. Peu importe, ce sont les Florentins qui ont généralisé cet ingénieux et commode moyen de remplacer la monnaie pesante et encombrante par une feuille de papier ; ils ont donné ainsi une grande facilité et une remarquable impulsion au commerce entre les divers peuples.

Ce fut grâce aux trésors que les banquiers firent affluer à Florence que celle-ci put asservir des villes, créer des colonies, se fortifier elle-même, acheter des châteaux forts, pourvoir à l'équipement et à l'approvisionnement de ses nombreuses milices toujours sur pied, et construire dans son sein de somptueux palais. Ce fut surtout grâce à ces trésors que Florence put créer ses innombrables galères et qu'elle put obtenir dans l'Orient, sur la mer Noire, à Constantinople, en Egypte, des franchises égales à celles des Vénitiens, des Génois et des Pisans, et, dès lors, son trafic devint des plus étendus. Ce fut grâce à ses trésors qu'elle devint souveraine de la moitié de la Toscane, qu'elle put donner une importance inouïe à ses manufactures de laine et de soie, créer des comptoirs partout en Europe et en Asie. Notamment en France, en Flandre et en Angleterre, Florence avait de nombreux établissements de commerce et de finance. En Hongrie, une puissante colonie de Florentins, que l'exil et les intérêts du trafic y avait attirée, faisait les plus brillantes affaires. En outre, Florence avait deux grandes foires par an qui atti-


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