Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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— 123 — que en Italie, fit de Florence la trésorière de toute la péninsule. Des banques furent d'abord établies et chargées de faire des avances d'argent. Le taux de ces avances était très élevé, parce que les Florentins voulaient empêcher la concurrence commerciale de s'accroître, grâce à la facilité de trouver des capitaux. On comprend, sans aucune difficulté, que les fonds empruntés à haut prix ne pouvaient être employés dans le commerce. C'est pourquoi l'intérêt d'abord fixé de 4 à 12 pour cent, fut porté, au X I I I siècle, alors que le commerce florentin entrait dans sa grande opulence, à 20 pour cent. La loi même fixait ce taux. On ne prêtait que pour un terme de six mois. L'emprunteur payait immédiatement l'intérêt ou faisait ajouter la valeur au capital demandé. A l'échéance, si l'on n'était pas en mesure de liquider, il fallait payer 4 deniers par livre pour chaque mois de retard. Bientôt le taux fut porté à 30 et à 40 pour cent. A mesure que les risques augmentaient, augmentait aussi l'intérêt de l'argent. Or, tout était risque au moyen-âge, alors que la violence privée déplaçait, renversait l'assiette des fortunes et la violence publique celle du gouvernement. e

Les souverains pontifes étaient les meilleurs clients des banquiers florentins; voici pourquoi. La papauté les chargeait de percevoir les revenus du Saint-Siège dans les divers pays de la chrétienté ; elle leur payait une large commission qui devint une véritable fortune pour l'industrie des banquiers. Rome, en effet, était le centre des intérêts matériels et moraux, au moyen-âge; à Rome affluaient les trésors du monde entier; revenus du pape et des prélats, obole de St-Pierre, offrandes de toutes sortes. Etre chargé de percevoir ces deniers, de les faire parvenir au destinataire, c'était avoir le maniement de la plus grande partie des capitaux en circulation et, dans les mains par où ils passaient, il devait en rester quelque chose. Dès le douzième siècle, nous trouvons dans l'histoire des papes, que les banquiers florentins portaient déjà le titre de changeurs du Souverain Pontife, campsores papœ. Plus tard, ils devinrent insuffisants et Rome dut répartir cette fructueuse charge entre les banquiers de Florence et ceux de Sienne. On s'étonnera peut-être de voir l'importante recette des revenus


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