Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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La plus grande guerre que Gènes eut à soutenir fut celle qu'elle entreprit contre Venise dont les extensions dans l'Orient menaçaient sa prépondérance. Alliés à Michel Paléologue, qu'ils avaient eu l'habilité de circonvenir, les Génois mirent à sa disposition une flotte do deux cents galères portant quarante-cinq mille hommes. Leur amiral, Lomba Doria, défit la flotte vénitienne dont le commandant, André Dandolo, comme nous l'avons dit en parlant de Venise, fut réduit à se donner la mort pour ne pas tomber entre les mains de ses ennemis en 1289. Ce fut à la suite de cette expédition que Gènes régna sur toute la mer Noire. Une seconde guerre, non moins terrible, ensanglanta une longue période du X I V siècle, de 1346 à 1381. Elle avait pour objet la possession par les Génois du détroit des Dardanelles. Après des succès éclatants qui mirent Venise à deux doigts de sa perte, les Génois parvinrent à s'emparer de Chioggia et firent à leurs rivaux des conditions si dures de paix que ceux-ci, indignés, firent des efforts héroïques et forcèrent les Génois à invoquer la médiation du duc de Savoie qui réussit à rétablir la paix entre les deux républiques. Cette guerre acharnée, que signalèrent le ravage et l'incendie des plus importants comptoirs de Gènes et de Venise dans l'Adriatique, dans l'Archipel et dans l'Asie Mineure, eut pour résultat des pertes immenses pour les deux grandes cités rivales. A partir de cette époque, la puissance maritime et commerciale de Gènes ne fit plus que décliner. Pour elle comme pour Venise, la découverte de l'Amérique et cle la route des Indes par le cap de Bonne-Espérance furent le signal d'une décadence irréparable. Pas plus que sa rivale, elle ne sut profiter de ces superbes voies ouvertes au commerce, en modifiant samarine, en oubliantses conquêtes territoriales et en faisant aux Portugais et aux Espagnols une concurrence que son expérience acquise et la grande valeur de ses marins lui permettaient de faire. Ni Venise, ni Gènes ne surent se placer à la hauteur des circonstances. Elles laissèrent exploiter par d'autres, infiniment moins capables, d'immenses richesses commerciales qu'autrefois elles auraient disputées au prix de leur sang. On ne peut expliquer cette ruineuse attitude que par un fatal aveuglement. Quos Jupiter perdere vult dementat. Au X V I siècle, cette valeureuse et magnifique marine génoise e

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