Etude pratique sur les colonies anciennes et modernes

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— 111 — C'était au prix de tous ces avantages que le gouvernement v é n i tien se trouvait avoir entre les mains une masse considérable debonds qu'il pouvait faire valoir pour son compte sans en payer aucun intérêt. Il devint le banquier universel ; il connaisait toutes les affaires des particuliers, et il sut si bien établir son crédit que, dans la suite, quoiqu'on n'ignorât point qu'il employait les fonds de la Banque, et malgré les nécessités qui l'obligèrent à fermer deux fois la Caisse au comptant, en 1690, et, en 1717, quoiqu'enfin la suspension des paiements se prolongeât pendant plusieurs années, les valeurs de la Banque nationale continuèrent à circuler sans défaveur. C'était parcequ'on était sûr qu'elles seraient réalisées et parceque le gouvernement donnait l'exemple de les recevoir sans difficulté. Enfin, le gouvernement était si sûr du crédit de ses effets qu'il put grever les actions de la Banque de deux dispositions très onéreuses. La première était une retenue de 10 pour cent sur les actions qui passaient d'un propriétaire sans enfants à ses collatéraux, au moment de son décès. Par la seconde, l'Etat se déclarait héritier des actions apppartenant à un propriétaire mort ab intestat et sans héritiers naturels. Il serait difficile de dire au juste quel était le montant des fonds déposés dans cette caisse centrale du commerce. Cependant, vers la fin du XVIII siècle, on les évaluait à environ quinze millions de ducats effectifs. Dans diverses circonstances, le gouvernement vénitien avait été obligé de recourir à des emprunts et les créances qui en résultaient étaient devenues des effets négociables, mais dont la valeur éprouvait parfois de grandes variations. Les emprunts étaient remboursables les uns en 25 ans, les autres en 30; les intérêts variaient de 4 à 5 pour cent. Les monnaies vénitiennes étaient de cuivre, de billon, d'argent et d'or. e

On pourrait réduire à trois causes principales la grande et longue prospérite de Venise: d'abord à son commerce universel et presque exclusif, puis à sa marine commerciale et à sa marine militaire ou protectrice de la première beaucoup plus puissantes que celles des autres peuples, enfin, au bonheur qu'elle eut d'avoir un gouver-


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