Précis de législation et d'économie coloniale

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LA

TUNISIE.

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Nous avons suffisamment indiqué les traits caractéristiques de tout protectorat en g é n é r a l , et du nôtre en Tunisie pour que nous ayons à insister sur les m é n a g e m e n t s et les bons procédés dont nos colons, comme nos fonctionnaires, doivent user envers les habitants. Les indigènes restent sujets du Bey. Ils gardent leurs cout u m e s , leur c u l t e , leur organisation familiale, ils se rendent compte des réformes que nous avons introduites : notamment en matière d'impôts ils ne se voient p l u s pressurés à merci comme ils l'étaient jadis quand la perception en était faite sans contrôle par les Caïds. Ils savent q u e toutes les cotes sont inscrites s u r des registres envoyés chaque année au Caïd qui note sur la souche la somme p e r ç u e , détache le reçu écrit en arabe et le remet au contribuable. L e u r état d'esprit se manifeste aussi par leur désir de s'initier à la langue française, et par ces sympathies que les autorités religieuses musulmanes elles-mêmes ont montrées en faveur du développement de l'instruction dans nos écoles. Pour peu qu'ils veuillent venir à n o u s , la nationalité française leur est très accessible par les conditions faciles de naturalisation que leur offre le décret du 29 juillet 1887 (V. suprà, liv. III, n° 57). Les résultats matériels, de notre protectorat, l'extension des importations et des exportations, le bien-être qui en découle, sont reconnus et appréciés par le Bey, et l'on peut croire que ce n'était point un langage officiel mais un sentiment sincère qui lui faisait dire dans les fêtes de Tunis au mois de mai 1893 : « Je vois chaque j o u r davantage le bien que la France fait ici sous tous les r a p p o r t s , et je bénis Dieu d'avoir placé la Tunisie sous la protection de cette grande et puissante nation. »


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