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LIVRE XIV. MOYENS DE COLONISATION.
Asie. L'esclavage est absolument enraciné dans les mœurs musulmanes. L'islam enseigne que l'humanité forme deux races distinctes : celle des croyants destinés à commander, celle des maudits condamnés à servir. Des marchés d'esclaves existent au Maroc, dans les régions intérieures qui avoisinent le Niger, le lac T c h a d , et les sources du Nil. Tous les souverains de l'Afrique, petits ou g r a n d s , pratiquent l'esclavagisme. Tous les musulmans sont p r ê t s , lorsqu'ils le peuvent sans péril, à acheter et à vendre des esclaves. La Turquie elle-même ne l'empêche que pour la forme, et très imparfaitement dans les provinces d'Afrique et d'Asie; les interprèles du Coran ne condamnent pas l'esclavagisme; les juges musulmans qui jugent d'après le Coran ne se prononcent jamais contre lui (V. Pradier-Fodéré, t. V, p . 937 et suiv., les détails saisissants qu'il emprunte notamment à l'ouvrage de Stanley : Cinq années au Congo; à celui de Cameron : A travers l'Afrique, au Journal manuscrit du capitaine J o u bert, et au dernier Journal de Livingston, p . 943 et suiv.). La traite maritime a disparu avec l'esclavage colonial, frappée par l'établissement des croisières européennes et américaines. Mais tout le centre de l'Afrique est encore livré à la chasse et à la vente des noirs. 2 1 . Cependant la conférence de Berlin du 26 février 1885, a été le point de départ d'un mouvement anti-esclavagiste, bien qu'elle ait eu pour but principal, comme nous l'avons vu (V. suprà, liv. XI, n° 2 ) , de régler les prétentions des diverses puissances sur l'Afrique. L'entente européenne anti-esclavagiste remonte particulièrement à l'association internationale africaine due à l'initiative du roi des belges Léopold II : c'est lui qui a convoqué les puissances à la conférence tenue le 18 novembre 1889 à Bruxelles. S'il faut en croire certains renseignements, la Turquie et la Perse, parties à la conférence, auraient déclaré qu'elles n'entendaient pas renoncer à l'esclavage des noirs chez elles, que ces noirs étaient d'ailleurs traités avec la plus grande bienveillance et