Précis de législation et d'économie coloniale

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L ' I N D E

F R A N Ç A I S E .

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Sainte-Lucie, de la Dominique et de Tabago q u i j u s q u ' a l o r s avaient été indivises entre les deux p e u p l e s . Elle cédait la Louisiane à l'Espagne pour la d é d o m m a g e r de la Floride q u e l'Espagne donnait aux Anglais moyennant la restitution de Cuba et des Philippines. Nous cédions encore aux Anglais les rives du Sénégal (vid. sup., n° 4 7 ) . Nous ne gardions nos colonies de l'Inde q u ' à la condition de ne pas les fortifier, et de les laisser sans g a r n i s o n . 66. Quelle responsabilité de ce traité désastreux faut-il attribuer au gouvernement f r a n ç a i s ? L ' a u t e u r d'un ouvrage récent très d o c u m e n t é , M. Léon Deschamp (Histoire de la question coloniale, 1 vol. in-8°, Plon et Nourrit, édit., Paris, 1891), répond en ces t e r m e s ( p . 233) : « Louis XV porte dans l'histoire la responsabilité de notre r u i n e coloniale. On accuse son insouciance, son ignorance, celle de ses ministres. On aime à citer le mot de Berryer à Bougainville d e m a n d a n t , en 1759, des secours pour le Canada : « E h , m o n s i e u r , quand le feu est à la maison on ne s'occupe pas des é c u r i e s . » On tire môme du traité de Paris des conséquences générales et l'on dit q u e les F r a n ç a i s ont cessé d'être colonisateurs après la perte de leurs colonies. « Celte opinion nous semble mal fondée. Qu'on accuse la politique européenne de Louis X V ; qu'on flétrisse la lâcheté d'un gouvernement avili; nous n'avons g a r d e de contredire. Mais nous ne pouvons a d m e t t r e , même pour L o u i s X V , l'accusation d'ignorance ou d'indifférence dans l'action coloniale. Louis XV et ses m i n i s t r e s , pas plus q u e le Régent et Louis XVI n'ont à a u c u n e époque dédaigné ou ignoré les avantages des colonies. Ils o n t , au c o n t r a i r e , brillamment s u i v i , puis hardiment réformé le système de Colbert et de Louis XIV. Le traité de Paris, si déplorable qu'il soit, n'est pas plus r é p r é hensible q u e le traité d ' U t r e c h t . A ces deux d a t e s , l'intérêt commercial et colonial a d û être sacrifiéà l'intérêt continental mal engagé, voilà tout. Or, combien de fois d e p u i s , et n o t a m ment sous l ' E m p i r e , la F r a n c e ne s'est-elle pas trouvée dans H.


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