Précis de législation et d'économie coloniale

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LIVRE

II.

L'HISTOIRE.

été aussi signalée comme une entrave à l'essor de notre colonie du Canada. L'institution des intendants dont M. de Tocqueville a si bien décrit le despotisme souple et artificieux dans son livre l'Ancien régime et la Révolution, avait passé les m e r s . Jamais les colons n'étaient consultés et bien q u e ce gouvernement autoritaire donnât p l u s d'unité et de r é g u larité à l'administration de la colonie, il n'y eut nulle part autant de divisions et de rivalités parmi les fonctionnaires d'ordres différents. Au milieu des rivalités de l'autorité a d m i nistrative et militaire a u c u n plan n'était suivi d a n s la direction des affaires, dont les dépenses étaient hors de proportion avec les résultats (V. G a m e a u , Histoire du Canada, t. III, p . 80 et 282, et M. P . L e r o y - B e a u l i e u , p . 190 et suiv.). 1 2 . Enfin la passion des armes et des aventures chez les colons les entraînait hors de la production agricole (V. Gam e a u , t. II, p . 179). Le Canada regorgeait d'aventuriers et manquait d'agriculteurs ( P . Leroy-Beaulieu, loc. cit.). L ' a t tention se portait de préférence, dans la m è r e - p a t r i e , sur les voyages d'exploration, les découvertes, les conquêtes sur les Indiens non encore s o u m i s . La population se dispersait ainsi sur des milliers de lieues. Les découvertes successives de F r o n t e n a c , remontant au centre de l'Amérique septentrionale au delà des g r a n d s lacs d'où sort le S a i n t - L a u r e n t , celles en sens inverse de Cavelier de la Salle suivant le cours du Mississipi j u s q u ' a u golfe du M e x i q u e , et la prise de possession par lui de cette contrée que du nom de Louis XIV il appela la L o u i s i a n e , enflammèrent les e s p r i t s , c'était une « nouvelle F r a n c e » qu'on voulait relier par des postes milit a i r e s , depuis le golfe du Mexique j u s q u ' a u x rives du SaintL a u r e n t . Mais pour s o u m e t t r e , a p p r é h e n d e r , p e u p l e r cette é t e n d u e , à peine avions-nous p l u s de dix mille colons, et il aurait fallu défricher les forêts, cultiver les t e r r e s , fonder des villes. Les ambitions g é n é r e u s e s , hardies étaient illimitées, les moyens presque n u l s . Malgré ces vices de la colonisation française dans le nord de l ' A m é r i q u e , il ne faut pas


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