Précis de législation et d'économie coloniale

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LIVRE X . COLONISATION F R A N Ç A I S E AD X I X

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SIÈCLE.

M. A u g . Cochin, aussi laconique q u ' i m p r é v o y a n t , rendu par acclamation et par surprise. » La Guyane et la Guadeloupe en portèrent seules le poids. La M a r t i n i q u e , alors envahie par les A n g l a i s , é c h a p p a , j u s q u ' a p r è s la paix d'Amiens, à son application. L'Ile de France (Maurice) qui nous appartenait alors, et la R é u n i o n , s'opposèrent au d é b a r q u e m e n t des agents de la Convention, qui venaient appliquer le décret. En même t e m p s , comme elles avaient déjà défendu l'introduction des noirs de traite, elles parvinrent à prévenir tous les troubles. L a Guyane subit de graves désordres et un complet abandon des c u l t u r e s , résultats faciles à prévoir d'une émancipation subite. De p l u s , elle eut à souffrir du discrédit et du bouleversement qui pesèrent sur elle par suite de déportations politiques. Le Directoire lui expédia, en effet, les nombreuses victimes de ses coups d'État. Plus de 500 déportés politiques (parmi lesquels Billaud-Varennes, Collot-d'Herb o i s , Barbé-Marbois, P i c h e g r u , etc.) furent envoyés sur divers points du littoral de la G u y a n e , sans aucune mesure prise pour garantir leur subsislance. A la G u a d e l o u p e , la proclamation inattendue de l'indépendance des nègres produisit des excès qui r u i n è r e n t l'industrie et le commerce. On crut devoir recourir à des mesures extrêmes dans l'intérêt de l'ordre, telle que la d é f e n s e , sous peine de m o r t , de voler et d'arracher les v i v r e s ; on ordonna même le travail, sous peine de mort, et, dans ce b u t , l'embrigadement des noirs. On ne put échapper à la dévastation. Bestiaux, c u l t u r e , bâtiments, tout fut anéanti par les nègres émancipés. Cependant, un gouverneur h a b i l e , Desfournaux, sut rétablir l'ordre et le travail, en organisant le colonat partiaire et des inspections de culture. Le consulat (Décrets des 30 floréal an X, 20 mai 1802) reconnut la nécessité de rapporter l'acte d'émancipation, et de rétablir l'esclavage « conformément aux lois et règlements existant avant 1789. » La question de l'affranchissement se trouvait ajournée.


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