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LE CHRISTIANISME
christianisme a dû abolir l'esclavage, comme le jour abo lit les ténèbres, parce qu'ils sont incompatibles. C'est donc une phrase banale d'attribuer au christia nisme ce magnifique bienfait, et ceux-là m ê m e qui lui contestent tout ne le lui disputent pas d'ordinaire. 11 en est ainsi, du moins, de ce côté de l'Océan; mais, en Amérique et en Espagne, le besoin de justifier ce qu'on pratique laisse encore quelque crédit à l'assertion contraire. En France et en Angleterre, l'émancipation a fait rentrer dans l'ombre des dissertations analogues. Le temps n'est pas loin cependant où u n publiciste très1
c o n n u osait écrire ces mots : « Le christianisme jours justifié
et maintenu
l'esclavage.
a tou
» Et, plus récem
ment, non p o u r justifier l'esclavage, mais pour dénigrer le christianisme, on a soutenu, à grand renfort d ' é r u d i tion, q u e la raison et la philosophie pouvaient seules p r é 2
tendre à l'honneur d'avoir émancipé les esclaves . La question de l'influence du christianisme sur l'abo lition de l'esclavage est moins simple qu'on ne le s u p pose, et les objections valent la peine d'être de nouveau réfutées, puisqu'elles sont de nature à égarer bien des esprits. Consultez, dit-on , l'Ancien Testament ; il consacre l'esclavage. Ouvrez l'Evangile; il ne dit rien. Lisez les écrits des apôtres; ils recommandaient aux esclaves la patience, bien loin de leur promettre la li berté. 1
M. Granier de Cassagnac, Voyage aux Antilles,
t. II, p. 409.
2 Revue de Paris, article de M. Larroque, janvier 1 8 5 0 .