L' Abolition de l'esclavage, tome 2

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L'ESCLAVAGE.

rir. Sur un million d'hommes, neuf cent mille au moins s'occupent de préparer la nourriture ou le vêtement, ou la demeure d'eux-mêmes et des autres, et le lourd travail que le besoin de ne pas m o u r i r impose ainsi sur presque tous les hommes les tient courbés de la m ê m e façon sous le poids d'une m ê m e destinée. La condition des habi­ tants du continent africain n'est ni plus haute ni plus basse, et leur origine fut la m ê m e ; les antiquités de l'E­ thiopie valent bien les antiquités péruviennes, et au commencement, toutes les races semblent parties du même degré. Il est vrai, presque tous les peuples se sont élevés, ne fût-ce que pour un moment, an-dessus de leur misère native ; quelques-uns étaient plus intelligents, ils ont aidé les autres, ils se sont perfectionnés eux-mêmes ; sur le sol de l'Afrique, au contraire, on rencontre une population, on ne rencontre pas des sociétés. Or, l'avanlage incomparable du paysan de la Sologne sur ses pareils en misère à travers le genre h u m a i n , c'est qu'il appartient à une société régulière. Dans le plus mi­ sérable village de l'Europe, je trouve (encore n'est-ce point p a r t o u t , n'est-ce point depuis longtemps) une église, une école, une route, un marché ou des mar­ chands. A qui l'habitant doit-il tout cela ? A la civilisalion ; et de qui procède la civilisation? de trois causes fondamentales, la raison, l'éducation, la révélation. Je conviens que l'Européen l'emporte sur toutes les races par la raison, et j ' e n conclus aussitôt qu'il est des­ tiné par Dieu à être le précepteur des autres. Je vois des climats qui ne peuvent être habités ni par les blancs seuls, car ils n'y travaillent pas ; ni par les noirs seuls,


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