L' Abolition de l'esclavage, tome 2

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L'ESCLAVAGE.

de son zèle, il accepta, comme en attendant, la préfecture apostolique de la Guinée. Le Papin,

qui le conduisait à la côte d'Afrique, fut as­

sailli par une furieuse tempête. M. Tisserant exhorta ses compagnons, et ne pouvant sauver leur vie, il s'efforça de sauver leur âme. L'un d'eux, jeune Israélite, louché de sa vertu, se jeta à ses genoux pour lui demander le baptême. Quelques heures après, le prêtre et le néo­ phyte mouraient engloutis dans les flots, le 7 décembre 1840. M. Tis­ serant avait trente et un ans. Avec lui eût été engloutie l'espérance de la mission d'Haïti, si son exemple et ses mérites n'eussent suscité d'autres dévouements. Une nouvelle tentative fut faite par Mgr Spaccapictra pour obtenir, au nom du saint-siégé, un concordat du ridicule empereur Soulouque. Enfin l'avénement, le 22 décembre 1858, d'un président énergique, intelligent et loyal, le général Geffrard, a été l'occasion de négociations nouvelles, et Mgr Monetti, prélat d'un grand mérite, envoyé en 1860 par le souverain pontife, vient de revenir en Europe, rapportant un concordat ratifié et signé. L'honneur de l'initiative appartient au général Geffrard, lui-même, qui, dès 1859, envoya à Rome un négociateur heureusement choisi, M. Faubert. Connaissant mieux que personne son pays, le président savait bien que toute la population demeurait attaché au culte catho­ lique, avec une remarquable persévérance, malgré les efforts des mis­ sions protestantes, facilités parle mauvais exemple du clergé catholique, réduit à trente-trois prêtres français, corses, italiens ou espagnols. Il avait conquis que la réforme du clergé dépendait des relations hiérarchiquesavec Rome et de l'établissement d'un séminaire. Le saint-siége, aussi persévérant à porter la foi à cette population qu'elle l'était à la souhaiter, correspondit à ces vues. Le 5 décembre 1860, Mgr Monetti débarquait à Jacmel, avec plu­ sieurs missionnaires, au milieu d'une ovation joyeuse des habitants, déjà prévenus de la signature du traité avec Rome par le discours du président à l'ouverture de la session (29 août 1860). Tous les gardes nationaux étaient sous les armes, une bougie allumée dans la main droite, et le fusil sur le bras gauche! De Jacmel à Port-au-Prince, il y a vingt-deux lieues par des chemins difficiles. Le prélat fut reçu, le


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