454
LE C H R I S T I A N I S M E
t r o u b l é dès la naissance de l ' h u m a n i t é sur la t e r r e ; l'es clavage est u n e des preuves et u n e des suites de ce fait qui d o m i n e l'histoire du g e n r e h u m a i n . Sans cette expli cation, il est inexplicable. Qui
rétablira l ' o r d r e p r o f o n d é m e n t , o r i g i n e l l e m e n t
t r o u b l é ? Celui-là seul qui l'a é t a b l i , Dieu. Un désordre primitif, u n r é p a r a t e u r nécessaire. Je défie q u ' o n explique et q u ' o n guérisse a u t r e m e n t les maladies inconcevables et a n t i q u e s d e l ' h u m a n i t é s u r la je n'hésiterais pas à les combattre, au nom des deux seules voix que la s u périorité du talent ne saurait étouffer, l'histoire et la conscience. Oui, la vérité historique élève deux réclamations : I
o
Les philosophes et les législateurs ne sont pas demeurés muets; ils ont
ouvertement approuvé l'esclavage; leur opinion ou leur silence ne sont pas l'effet
du bon sens universel,
mais au contraire le résultat et la preuve des
ténèbres et de l'erreur universelles, qui subjugaient les âmes avant le chris tianisme. 2° L'esclavage n'a été attaqué, détruit que depuis
et par le christianisme,
cela est certain, mais en dehors de l'unité catholique aussi bien que dans son sein ; Notre-Seigneur est mort pour les Russes comme pour le reste des hommes, et les philosophes et les législateurs, à Londres, à Pétersbourg et même à Tunis, ont été éclairés par les reflets de sa lumière. La conscience s'unit à l'histoire pour protester contre cette thèse absolue : Les hommes
étant
trop méchants
pour
être libres,
donc une partie des
hommes doit être esclave. Pourquoi donc une partie? Le méchant c'est le maître et non pas l'esclave. Dans les pays sans religion, est-ce que tous les hommes sont esclaves? dans les pays sans esclaves, est-ce que tous les hommes sont religieux? Si la religion est un frein qui remplace l'autre, qui donc, maître ou esclave, voudra l'accepter? Quoi ! la foi ou la chaîne, voilà deux équivalents ! Ces conséquences odieuses sont assurément bien éloignées, de la pensée de l'illustre écrivain, mais puisqu'elles s'en déduisent, c'est que cette pensée est trop absolue; nul n'atteint plus souvent que lui au sublime, mais ce sommet est près d'un précipice, le paradoxe. Pourquoi l'esclavage domine-t-il avant le Christ? parce que l'erreur, la souffrance et le vice sont universels. Pourquoi disparaît-il depuis le Christ? parce que le Christ apporte la vérité, la rédemption, la vertu, et rend ainsi l ' h o m m e à sa vraie n a t u r e ; or la nature d e l ' h o m m e , c'est la liberté.