LA TRAITE.
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Grâce à Dieu, la passion g é n é r e u s e q u i inspirait la loi de 1 8 0 7 , anima désormais tous les ministres qui eurent à l'appliquer et, depuis plus d ' u n
demi
siècle,
cette
flamme n e s'est pas éteinte u n seul j o u r . On a accusé l'Angleterre d'avoir agi p a r intérêt, on a m ê m e i m a g i n é qu'elle avait pour b u t de r u i n e r toutes les colonies à travailleurs africains, y compris les siennes, afin d'assurer le monopole agricole et commercial de ses 1
i m m e n s e s possessions des Indes . On a p r é t e n d u qu'elle avait voulu c o n q u é r i r ,
sous prétexte d ' h u m a n i t é ,
la
surveillance de toutes les m a r i n e s du m o n d e , la h a u t e police des m e r s . Ses efforts,
ses dépenses, les difficultés
auxquelles
elle s'est exposée, le l a n g a g e de ses h o m m e s
d'État,
m e t t e n t hors de doute le complet désintéressement de l'Angleterre.
Il est possible qu'elle ait trouvé son in
térêt d a n s son devoir, et q u e , p a r m i ses h o m m e s d'État, les u n s aient été p l u s sensibles à l ' u t i l i t é ,
les autres
à l ' h u m a n i t é . Sachons féliciter la nation dont les in térêts sont si bien d'accord avec ceux du genre h u m a i n , sans c h e r c h e r toujours de petits motifs
aux
actions. L'abolition de la traite clans l'univers
grandes entier
est devenue c o m m e u n article de foi de la politique, a n glaise. Au Congrès
de Vienne,
le 8 février 1 8 1 5 , u n e décla
ration contre la traite fut signée au nom de l'Angleterre, l'Autriche, la F r a n c e , le P o r t u g a l , la Prusse, la Russie, l'Espagne et la Suède. Déjà, l'Angleterre avait obtenu de
1
Opinion dé M. Dejean de la Bâtie, Précis de l'abolition de l'esclavage.