ET L'ESCLAVAGE.
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Historiquement, la g u e r r e a, en effet, clé souvent l'o rigine de l'esclavage; mais il est venu de mille a u t r e s causes, de la misère, des dettes, de l'aliénation volon taire, enfin et surtout de l'hérédité. Comment d'ailleurs justifier l'un p a r l'autre? Au lieu de tuer son e n n e m i , dit-on, le v a i n q u e u r le conserve; il fait œuvre de force et de bonté, il é c h a n g e u n roit contre un a u t r e . Touchante bienfaisance! Est-ce que la g u e r r e donne le droit de t u e r ? Oui, pen dant la mêlée; après que le combat a cessé, peut-on cou per la tête à l ' e n n e m i d é s a r m é ? Non, ce serait une infa m i e ! Où donc puisez-vous le droit d'asservir, puisque vous n'avez plus le droit de t u e r ? ce droit naît avec la né cessité de vous défendre, il expire avec elle. Et les enfants de l ' e n n e m i ; sa femme, sa race à p e r p é tuité, vous aviez donc le droit de les i m m o l e r , car ils de viennent votre possession et votre chose ! Fragile et h o n teux a r g u m e n t ,
c r i m e justifié par un
autre c r i m e ,
explication p e r p é t u é e à la faveur d ' u n jeu de mots. Ser tis vient, dit-on, de servatus ; et p o u r q u o i pas de
servire,
ou bien du n o m des Serbes, esclaves des Grecs, c o m m e esclave vient des
Slaves?
Si l'esclavage naît souvent de la g u e r r e , plus souvent encore la g u e r r e naît de l'esclavage. On la fait pour pren dre des captifs, et on les prend pour les v e n d r e . Admettons, cependant, cette explication; elle n'explique rien, car elle est elle-même inexplicable. Pourquoi donc, dans quel b u t , sous l'empire de quel p e n c h a n t , le g u e r rier réduit-il son captif, son semblable, en servitude? Afin qu'il travaille pour l u i . L ' h o m m e a donc h o r r e u r