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L'ESCLAVAGE, 1
lions se rendront pour puiser des leçons de fraternité .)) Ce que l'Europe entière avait fait, ce que la Révolu tion française n'avait pas défait, ce que le pouvoir absolu refit, l ' h o n n e u r de le détruire appartenait à l'Evangile, servi par la liberté. Une poignée de chrétiens, en agis sant sur l'opinion, a agi sur le monde; ils ont obtenu, spectacle presqu'inouï sur la terre, un triomphe pacifique de la justice. Ces hommes, on le sait, étaient Wilberforce,Clarkson, Crenville,Sharp, Buxton, quelques pasteurs ou chrétiens, obscurs et persévérants. Sept fois ils proposèrent le bill d'abolition et sept fois il échoua. Lorsqu'ils réussirent enfin, ils avaient à lutter contre les plus puissants personnages de leur pays, lord Eldon, qui affirmait encore en 1807 au Parlement que « la traite avait été sanctionnée par des parlements où siégeaient les jurisconsultes les plus sages, les théologiens les plus éclairés, les hommes d'Etat les plus é m i n e n t s ; » lord Hawkesbury, depuis le comte de Liverpool, qui pro posait de rayer dans le préambule de la loi les mots : «incompatible
avec les principes
de justice
et
d'huma
nité »; le comte de Westmoreland qui déclarait que « lors m ê m e qu'il verrait tous les presbytériens et les prélats, les méthodistes et prédicateurs, les jacobins et les assas sins, réunis en faveur de l'abolition de la traite, il n'en élèverait pas moins sa voix dans le Parlement contre cette 2
mesure , » 1
P. 15. On sait qu'en 1802 le Consulat plaça de nouveau la traite sous la protection de la loi. - Cités dans la protestation du ministre du Brésil, M. de Abreu, 22 octobre 1845, Revue col.. 1846. VIII. 62.