L' Abolition de l'esclavage, tome 2

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LE CHRISTIANISME 1

sainte Mélanie , l'ancienne, noble, pieuse et puissante femme qui affranchit plusieurs milliers d'esclaves; u n saint Cantius et sa famille, moins riches, non moins ver­ tueux, mettant en liberté soixante-treize esclaves; u n saint S a m s o n , contemporain de Justinien

( 5 2 9 ) , don­

nant le m ê m e exemple. Ces actes personnels devinrent u n e règle, écrite dans les plus anciennes constitutions d'ordres monastiques. Saint Platon et saint Théodore (795), deux des plus grands saints de l'Église d'Orient, ont imposé ce principe à leurs monastères. « Vous ne devez jamais, » a écrit saint Théo­ dore dans son second testament, « employer d'esclaves, ni pour des services personnels, ni pour les affaires du couvent, ni pour la culture des terres ; l'esclave est un homme créé à l'image de Dieu. » Dans l'Occident, le con­ cile d'Épone (517) est forcé d'imposer u n e certaine m e ­ sure a u zèle des moines p o u r l'abolition de l'esclavage dans leurs couvents, pour n e pas les exposer eux-mêmes à un travail exclusif. Le fils d u comte de Maguelone, l'an­ cien courtisan de Pepin le Bref et de Charlemagne, saint Benoît d'Aniane (780), ne tolérait pas que ses couvents fussent servis p a r u n seul esclave ; s'il en recevait en don, il les affranchissait. Dans le sein du monastère, dans les rangs du sacerdoce, l'ancien esclave se confon­ dait avec l'ancien s e i g n e u r , il s'élevait sans obstacle à la dignité épiscopale, et q u a n d il se trouvera des rois dédaigneux comme Béla IV, roi de Hongrie ( 1 2 3 5 - 1 2 7 0 ) , pour se p l a i n d r e de ce q u ' u n évêque était de condition

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Montalembert, Les Moines

d'Occident.


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