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LE CHRISTIANISME
l'esclavage d'une âme libre est u n spectacle intolérable p o u r u n e âme juste. Élever, transformer,
affranchir
l'âme de l'esclave et celle du maître, c'était donc déjà briser la servitude. Les liens qui enchaînaient les âmes devaient tomber les premiers, mais Jésus-Christ a af franchi l ' h o m m e entier, l'âme et aussi le corps. Ses paro les, les actes qu'elles ont aussitôt inspirés à ses p r e m i e r s disciples, puis à l'Eglise, le démontrent clairement. Si l'on demande à voir u n esclave réellement
af
franchi de la main d'un apôtre, qu'on soit satisfait! Ce mémorable exemple nous a été conservé dans l'Epître de saint Pau! à Philémon, que nous avons voulu analyser à part et la dernière, parce que, sans
cesse présentée
comme u n e objection, elle nous paraît au contraire u n e preuve aussi touchante que décisive. Philémon était u n riche citoyen de la ville de Colos ses; converti par saint Paul avec sa femme Appie, il était devenu le modèle et l'appui des chrétiens de la con trée. Un de ses esclaves, Onésyme, ayant volé son maître, prit la fuite, et, arrivé à Rome où saint Paul était p r i sonnier, il alla
le trouver. Saint Paul le reçut avec
charité, le convertit et voulut se servir de lui pour p r ê c h e r la foi. Mais, avant tout, il le renvoie à Philémon, et le charge de porter à son ancien maître, justement irrité, u n e Épitre qu'il convient de citer tout e n t i è r e :
Paul, prisonnier
de Jésus-Christ, et Timothée, son frère, à notre
cher Philémon, notre coopérateur. A notre très-chère sœur Appie à Archippe, le compagnon de nos combats, et à l'Église qui est en votre
maison.