L' Abolition de l'esclavage, tome 2

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L'ESCLAVAGE.

pur, la description ou plutôt la gravure écrite de deux des grandes toiles du musée d'Amsterdam. Dans l'un, le Banque! rie Van der Helst (1648), « voilà ces hardis com­ merçants qui tiendront tête à Louis XIV; vous les voyez ces loups de mer, vous leur parlez; ils sont là, en habit de gala, rudes et simples comme dans leurs comptoirs, comme sur leurs navires. Que de bon sens, que d'éner­ gie, quelle gravité, et au fond quel orgueil sous cette gaieté rubiconde! » Dans l'autre, les syndics de Rembrandt (1661), cinq marchands d'Amsterdam en séance autour d'un tapis rouge, chapeau de feutre à larges bords sur la tête, vêtements de drap noir, grand collet de chemise uni et rabattu. Ces loups de m e r , ces marchands qui boi­ vent ou discutent dans le coin d'un cabaret ou dans u n e salle du Staalkof en Hollande, voilà les fondateurs de la Guyane, voilà les maîtres de ces esclaves qu'on hisse de terre pour les fouetter, de ces femmes qu'on trousse p o u r les faire passer par les baguettes pendant la durée d'un siècle (1667-1784), puisqu'une ordonnance est nécessaire pour r é p r i m e r explicitement ces abus. Franchissez soixante-dix années. A La Haye, que de pro­ grès! que de prodiges accomplis par ces bourgeois toujours énergiques, sensés, rudes et simples, habiles administra­ teurs de leurs cités et de leurs fortunes! À S u r i n a m , au contraire, même régime des esclaves en 1854 qu'en 1784, qu'en 1759, qu'en 1686, et l'affreuse gravure d'un livre extrêmement curieux, sorte d'Oncle Tom's cabin de l'A­ mérique hollandaise, nous montre une femme entière­ ment nue, pendue par les bras à deux poteaux, les pieds fixés par un lien qui part de terre, et recevant sur son


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