É T A T S - U N I S D'AMÉRIQUE.
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exportaità peine 2 0 0 , 0 0 0 livres de colon; elle en exporte aujourd'hui pour plus de 600 millions de francs. Voilà, sans parler du riz, du tabac et surtout du sucre, ce que produit le travail des pauvres esclaves! Mais voilà aussi ce qui produit, encourage et décuple l'esclavage. 11 plaît à Dieu que nous retrouvions la solidarité h u m a i n e j u s que dans les plus vulgaires détails, et on frémit en pensant ce q u ' u n e pièce de cotonnade coûte de p e i n e , à l'autre bout du monde, à d e s êtres h u m a i n s , sans parler des êtres soi-disant libres, que les fabriques de Manchester emploient à lisser ce que des mains esclaves ont récolté ! Ce qu'un pareil commerce a d o n n é
de développe
ment aux Étals du Sud, on le comprend ; la cession de la Louisiane par la F r a n c e , de la Floride p a r l'Espagne, ajoutèrent à celte prospérité. Mais comment fournir à la demande de bras qu'elle 1
suppose, et sans la t r a i t e , comment
obtenir
assez
d'esclaves ? On y pourvut p a r la Traite clandestine, puis par un autre moyen abominable, l'élève des nègres. On élève des nègres comme ailleurs on élève des chevaux, on a un mâle pour dix femelles, on pousse à la reproduction partous les moyens, o n multiplie les produits, puis on les 1
Le révérend J. Dana, dans le discours de 1790 déjà cité,e s t i m eque,pour
recruter l'esclavage aux Étals-Unis et aux Indes Occidentales qui renfermaient ensemble 1,601,302 esclaves, il fallait une importation de 70 à 80,000
es
claves demandés à l'Afrique tous les ans. Il en concluait que, depuis le com mencement de la traite, l'Afrique avait fourni près de 2 0 , 0 0 0 , 0 0 0 d'es claves, soit, à 50 liv. st. par tête, une valeur de 600,000,000 liv. st., ou 1,500,000,000 fr. d'êtres humains.
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