L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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ABOLITION DE L'ESCLAVAGE.

En résumé, les hommes d'Etat qui en France travaillaient à cette grande œuvre ne se trompaient pas quand ils appelaient1 la religion à leur aide ; les colons qui s'y opposaient, ne se trompaient pas, quand ils se défiaient d'elle. La religion n'est pas la liberté, mais elle est la mère de la liberté. Mais l'histoire de la religion dans les quatre colonies à esclaves de la France jusqu'à l'émancipation aboutit à cette double conclusion. 1° Tous les efforts, tous les crédits, tous les encouragements ne parviennent pas à entraîner vers la mission ingrate de porter l'Évangile au sein de la servitude des vocations en nombre suffisant. Avant l'ordonnance du 6 septembre 1839, il n'y avait dans nos quatre colonies que 82 prêtres, soit à peine un pour 4,500 habitants sur une surface considérable 2. Après l'ordonnance du 18 mai 1846, il y en avait seulement 127, soit un pour environ 3,000 habitants. On espérait que les cadres seraient remplis en 1847 3. 2° Le christianisme, qui apporte le devoir et l'espérance à toutes les conditions, sait adoucir et moraliser même l'esclavage: la population noire a l'âme particulièrement ouverte à ses enseignements, et ils portent des fruits, quand le maître est exceptionnellement bon , l'apôtre exceptionnellement saint. Mais en général, l'esclave, le maître, le prêtre, se dépravent par la servitude. La religion elle-même semble faussée et corrompue. Ses pro1

Ordonnances de 1859 et 1846.

- Rapport de M. le due de Broglie, p. 122. 3

6e annexe au rapport du ministre de la marine au roi, mars 1847.


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