COLONIES FRANÇAISES.
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On oublie enfin que l'une des causes de l'éloignement des affranchis pour la grande culture a été précisément la
sévérité des prescriptions imposées pour
les ramener, les livrets, les engagements, etc., etc. A la loi qui disait : « Le travailleur est libre » les règlements ont ajouté : « Le travail est forcé. » On conviendra que la nuance était difficile à saisir pour des affranchis de fraîche date. Echappés à la contrainte, ils se sont défiés de tout ce qui lui ressemblait. Mais est-il exact qu'on ne doive plus tenir aucun compte pour le travail des anciens esclaves et leurs descendants, ou bien qu'un quart à peine soit resté attaché aux habitations? Si l'on parle des premières années, ce résultat est vrai, au moins en partie. Voici un témoignage impartial : « A l'ile Bourbon, les nouveaux citoyens accomplirent scrupuleusement et sans bouger de leurs glèbes respectives un engagement de travail libre qu'on leur avait fait contracter avant de promulguer le décret de liberté... Il n'y eut pas de transition entre le travail esclave et le travail libre. Aux Antilles... il y eut même sur les domaines qui ne furent pas complètement désorganisés, un mouvement marqué de déplacement, d'éparpillement. On eût dit que les noirs se tàtaient pour se bien conv
aincre que cette liberté enfin proclamée n'était pas une
illusion. Ils passaient incessamment d'une habita-
tio
n à une autre... Cependant, il faut le dire, même en
Ces
premiers jours d'enivrement, il n'y eut point à pro-
prement parler cessation de travail. On était, aux An-