L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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COLONIES FRANÇAISES.

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qui semblait en quelque sorte convenu et sans remède? Les fautes, les vices d'une fraction du clergé, furent responsables à Bourbon, comme, ailleurs, d'une partie de celte douloureuse stérilité. Au lieu de convertir, plus d'un prêtre se laissa corrompre; plus d'un surtout se laissa décourager. Prêcher la chasteté sous un tel climat, la fraternité sous un tel régime, parler de désintéressement à des gens ardents à faire fortune, et de la bonté divine à des malheureux courbés par force au travail; être agréable à deux partis qui se détestaient, n'être suspect à aucun, persuader les vérités délicates de l'Évangile à de jeunes créoles bacheliers des colléges de Paris, et à de jeunes Africains élevés sur la côte de Zanguébar, mêlés à des parias de l'Inde et à des (Illinois, ah ! c'était, on en conviendra, une mission ingrate! Elle demandait des héros chrétiens, il s'en trouva à Bourbon. M. l'abbé Monnet, arrivé dans l'île en 1840, résolut de se vouer exclusivement à la moralisation des noirs; il obtint le concours de plusieurs de ses confrères, et ses succès méritèrent d'être signalés dans le rapport de M. le duc de Boglie, qui résume ainsi le témoignage du préfet apostolique de Bourbon ', entendu par la commission coloniale le 29 avril 1842 : « L'instruction a pris un véritable essor à Saint-Denis et

dans les localités environnantes. M. l'abbé Monnet a

déployé un zèle admirable et une rare intelligence. Il n'y a

pas moins aujourd'hui de 10,000 noirs catéchisés par ses soins... Il a trouvé de puissants auxiliaires dans quelques noirs pieux qui sont devenus assez avancés dans Rapport, p. 153.


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