L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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COLONIES FRANÇAISES.

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ayant courageusement refusé le serment, on les arrêta, on les condamna à la déportation. Trente-deux furent en effet déportés de la Guyane, pendant que d'autres prêtres français étaient au contraire déportés à la Guyane, et venaient y mourir de fièvre et de misère, et y trouver une humble tombe, encore aujourd'hui vénérée. On incendia les églises. Le rétablissement de l'esclavage en 1802 acheva ce que l'abolition violente avait commencé. « Une grande partie des noirs, dit un colon 1, se réfugièrent dans les forêts, surtout ceux qui avaient perdu tout principe de religion et étaient devenus de vrais jacobins noirs. Lorsqu'ils y eurent des vivres et se virent en assez grand nombre, ils tentèrent des incursions sur nos établissements, y maltraitèrent et assassinèrent plusieurs propriétaires, y enlevèrent de force des ateliers fidèles, et, non contents de se livrer au marronnage, ils firent usage du poison, arme si redoutée dans leurs mains. » Pendantce temps, les prêtres déportés furent dispersés par la Providence pour servir, après mille épreuves, arrestations, naufrages, à relever ou à seconder la religion sur d'autres points, les uns à la Guadeloupe, les autres à la Martinique, un à Saint Christophe, un autre à Ste-Croix. De tous les prêtres déportés, un seul, M. Legrand, rev int à la Guyane, et seulement en 1809 ; il exerça son ministère avec le titre de préfet apostolique, même sous l'Occupation portugaise. 11 écrivait, à la fin de 1816, M. le duc de Luxembourg, ambassadeur de France en

à

Portugal 1

2

: « Je suis le seul prêtre français qu'il y ait

Manuscrits du séminaire du Saint-Esprit. Archives du séminaire An Saint-Esprit.


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