L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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ABOLITION DE L'ESCLAVAGE.

Il était bon, tant qu'il était respecté l. Mais le système devenait tous les jours onéreux ou impraticable, ou injuste. 11 est onéreux pour les colonies dès qu'elles arrivent à produire plus que la métropole ne peut consommer 2, ou bien si elles trouvent à vendre ou à acheter ailleurs à de meilleures conditions ; onéreux pour la métropole, si elle peut produire elle-même les denrées que lui apportent les colonies, comme le tabac et le sucre, ou les acheter moins cher à l'étranger3; injusle si les conditions changent, si, dans l'intérêt du Trésor, un impôt de plus en plus lourd vient grever les produits coloniaux, ou si la marine exige un fret de plus en plus élevé4; impraticable enfin, si les circonstances empêchent les Colonies de vendre à la métropole, ou la métropole de vendre aux Colonies. Les circonstances et les intérêts se modifient chaque jour, intérêts de la marine, de la consommation, de l'humanité. Quand elle se borne au commerce colonial, la marine marchande est exposée à tomber dans la routine et à négliger l'esprit d'entreprise, assurée qu'elle est d'un va1

Avant la Révolution, le droit sur les produits coloniaux était, en 1777,

de 5 fr. ; en 1791, de 4 fr. 28 les 100 kilog.; il ne compensait pas même les dépenses de l'État aux colonies. 2 M. de Chazelles affirme qu'il lut un temps où on mettait le feu au surplus des récoltes. 3

Les prix de revient du quintal de sucre sont de 24 à 25 fr. aux Antilles

de 17 fr. à Cuba. [Journal des Économistes, juin 1860, p. 455, art. de M. Lepelletier Saint-Remy.) 4

De

1831 à 1848, le fret des Antilles n'a atteint qu'une seule fois

100 fr. le tonneau; de 1854 à 1860, il n'est resté qu'une seule fois (1857) au-dessous de ce chiffre, ordinairement dépassé. (Ibid.

p.,

432.)


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