COLONIES FRANÇAISES.
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Cela est certain, on a été bien plus préoccupé de remplacer les anciens esclaves que de chercher à les retenir. On a nommé des fonctionnaires pour protéger les immigrants et les surveiller; ces fonctionnaires font des rapports minutieux sur la vie, la nourriture, le travail, le bien-être de ces nouveaux venus ; on est surpris qu'aucun patronage analogue n'ait été organisé pour les affranchis. Et pourtant on a été de tout temps persuadé que le nègre créole était bien supérieur au nègre africain 1. «Les 24 millions de francs, dit très-bien M. Duval, que la Réunion a dépensés en huit ans pour faire venir des coolies de l'Inde, appliqués en primes au travail et en élévation de gages, n'auraient certainement pas été stériles... 11 conviendrait aussi de modifier les mœurs locales, s'il en reste quelque vestige blessant pour la fierté d'hommes qui, sans bien apprécier les conditions de la liberté, se savent fort bien échappés à l'esclavage, Dût-il en coûter un sacrifice d'argent ou d'amour-propre, l'immense avantage de constituer une société homogène et
de retenir dans le pays le montant des salaires vaut bien quelque peine. » Il est un autre moyen de remplacer les bras, c'est de perfectionner l'économie et le matériel des cultures el des usines coloniales, d'emprunter aux fabricants de Su cre indigène leurs procédés, et de diminuer les frais généraux par l'établissement d'usines centrales. L'usine centrale est à la plantation de cannes ee que le moulin est
au
champ de blé : un moulin sert
à cent
cultivateurs ;
1 Voir notamment les déclarations des délégués des colonies devant la émmission de 1859, p. 109.