L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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ABOLITION DE L'ESCLAVAGE.

lation et les capitaux, il ferait des colonies des Babels inhabitables, réunions de tous les sangs, de tous les cultes, de paganisme et de christianisme, de Cafres et de Chinois, d'Indiens et de Malgaches, vastes fabriques où maîtres et ouvriers n'auraient rien de plus pressé que de s'exploiter réciproquement el de se fuir. Je ne puis supposer que d'ici à cent ans le nombre des Chinois, des Indiens, ait centuplé dans nos colonies, sans croire que le nombre des Européens ait diminué d'autant. Se ligure-t-on un Saint-Domingue peuplé de coolies! 11 est encore démontré que les meilleurs immigrants, ce sonl les Africains. Si les Africains sonl la race qui s'assimile le mieux nos mœurs et nos croyances, si c'est à celle race vigoureuse el soumise qu'après beaucoup de tâtonnements on en revient toujours, pourquoi donc aller chercher bien

loin des Africains plus brutaux et plus ignorants que les anciens esc laves? parce qu'on obtient des nouveaux arrivés des engagements, un livret, des services forcés, en un mot ce qu'on peut appeler un esclavage provisoire. Ne vaudrait-il pas mieux tenter auprès des affranchis, et surtout auprès de leurs enfants, qui n'ont pas les mêmes raisons de défiance, des démarches plus sérieuses, les attirer et les retenir par de plus larges sacrifices et par de meilleurs procédés? On dit que le préjugé du noir affranchi c'est que la liberté' est le droit à la paresse; n'est-ce pas aussi le préjugé, le parti pris des anciens

maîtres? A part d'intelligentes exceptions, qu'ont-ils fait pour diminuer dans la pratique la distance que la loi

venait d'effacer entre les classes?


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