L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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ABOLITION

DE

L'ESCLAVAGE.

graves, qui dureront plus longtemps que les services qu'elle peut rendre passagèrement? Les maux qu'entraîne l'immigration ont été signalés, puis réalisés depuis le jour où elle a été accomplie. Elle est funeste aux affranchis, aux colons, aux colonies, aux engagés. L'immigration pèse sur le salaire des affranchis et, destinée à suppléer ceux qui ne travaillent pas, elle fait concurrence à ceux qui travaillent; bien loin d'encourager parmi eux le travail, elle achève de le décourager. Elle impose aux colons des dépenses 1 qui seraient plus utilement employées à perfectionner leur outillage, et à mieux pa ver les affranchis ; elle habitue à demeurer dans la vieille routine de mauvaise administration. Dans son rapport sur l'administration de la Jamaïque

en 1845, le gouverneur, lord Elgin, déclarait n'avoir qu'une confiance médiocre dans les effets de l'introduction d'émigrants, envisagée, disait-il, « comme un moyen de ne pas admettre les perfectionnements commandes par l'expérience, ou encore de faire baisser le prix du travail par la création d'une concurrence factice 2. » Le gouverneur de la Réunion, M. Darricau, s'écriait) en 1858, avec une louable franchise : α On me demande partout des bras, et partout je ne vois qu'abus de bras.. 1 L' Avenir, de la Guadeloupe, du 2 décembre 1859, exposait que la colonié avait déjà reçu 5,773 Indiens, 188 Madériens el 3,205 Africains, en tout 9,166 emigrants depuis 185-4, mais que la caisse des immigrations manquant de ressources, il convenait de s'en procurer, partie par les engagistes, partie par un impôt de capitation. N'est-il pas inique de faire peser

cet impôt sur ceux auxquels on vient faire concurrence ? 2

Revue coloniale, 1847,11, p. 323.


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