ABOLITION DE L'ESCLAVAGE.
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Ce traité est en pleine exécution. Les colons en attendent les meilleurs résultats. Mais quoi ! n'est-ce pas un fait très-remarquable au point de vue qui nous occupe? C'est à la race africaine qu'on emprunte des travailleurs destinés à remplacer d'autres Africains, qu'on accuse de n'aimer que la paresse? On a successivement essayé les Européens, les Indiens, les Chinois, les Africains. En 1845, nous l'avons vu, le gouvernement français voulait encourager l'émigration européenne. Mesure sage et prévoyante, car les colons manquaient surtout d'ouvriers d'élite, de mécaniciens, de contre-maîtres, de chefs de culture pour perfectionner leur outillage et conduire ou former des ouvriers moins intelligents. On a
beaucoup dit que cet essai n'avait pas réussi, parce
qu'il est impossible aux Européens de travailler sous Le soleil des tropiques, et on en donne souvent pour preuve l'insuccès des anciens engagés blancs, qui furent les premiers ouvriers des colonies. Mais on oublie que ces engagés ont pourtant travaillé pendant 148 ans, depuis 1626 jusqu'à 1774 1. On oublie surtout que, choisis au hasard
par les capitaines, transportés sans qu'on calculât
pour ces
Français, comme on le fait pour un Indien, la
hauteur du pont du navire, la quantité d'air respirable et d'eau potable, traités pendant les dix huit mois ou deux ans de leur engagement comme de
vrais esclaves, mal
nourris
et peut-être sans salaire, ces engagés n'en sont pas moins « Revue coloniale, 1847, p. 217. Hist. du travail aux colonies, par M. Maurel.