L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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ABOLITION DE L'ESCLAVAGE.

libre coûterait moins que le travail forcé? — « Oui, répondait justement lord Brougham, toutes circonstances étant égales; mais elles ne le sont pas. Prenez deux pays, placés l'un et l'autre dans les mêmes conditions journalières de climat, de territoire; mettez dans l'un des esclaves, dans l'autre des libres, il n'y a pas le plus petit doute qu'à la fin le travail libre étouffera le travail esclave, l'homme libre travaillant avec plus d'intérêt et de raison. Mais ici ce n'est pas le cas; la lutte est entre un pays qui possède le travail libre sans recours à aucun recrutement, et un autre qui emploie le travail forcé en le renouvelant par la traite. » Une protection, continuée encore pendant quelques années eût donc été une juste exception. Du moins eût-il été prudent de ne pas adopter un tarif qui, à cause de la différence des prix de revient, créait pour les sucres du Brésil une véritable faveur 1. Mais, si le ministère whig était tombé sur cette exception, le ministère tory, revenu aux affaires, eût renversé la nouvelle politique commerciale tout entière: il valait mieux renoncer à l'exception : ce fut la crainte et l'argument de sir Robert Peel. M. d'Israeli lui reprocha vivement de sacrifier l'empire colonial, 50 millions de liv. sterling, les principes les plus sacrés et ses propres convictions, à la question de savoir qui serait assis dans huit jours sur les bancs ministériels. Mais la majorité, composée du parti whig et des débris du parti tory, suivit Robert Peel. * V. les calculs de M. Colquhoun. Rev. col., 1846, X, p. 214.


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