L' Abolition de l'esclavage, tome 1

Page 21

COLONIES FRANÇAISES.

239

sienne, peu de contrées aussi heureusement partagées. A l'aspect de cette prospérité des laboureurs de la Guyane anglaise, on est tenté de dire de la partie cultivée de la colonie ce que Goldsmith disait de la vieille Angleterre et de ses produits : « Chaque morceau de terre nourrit son homme. » Je ne prétends assurément pas que ce tableau, écrit six ans après l'émancipation, soit le portrait de nos colonies. Ne nous hâtons pas, du moins, de croire que l'émancipation a transformé en vagabonds tous les esclaves qui n'ont pas voulu cultiver la canne; un grand nombre fait autre chose, s'occupe dans les villes, ou se suffit sur un coin de terre. Je le répète, le travail est déplacé plutôt que détruit. Les chiffres de la douane transforment cette hypothèse en un fait réel. A la Martinique, à la Guadeloupe, pendant que le chiffre du sucre importé en France, produit de la grande culture, diminue après 1848, presque tous les autres produits industriels ou agricoles augmentent. A la Martinique, le rhum, le cacao, la casse, les peaux, les et les articles dicers. A la Guadeloupe, le rhum, le rocou, les bois, le cuivre, les peaux, le coton et les articles divers Un autre renseignement atteste le même fait. Où sont les pauvres? où sont les mendiants? L'émancipation a poussé nue partie des anciens esclaves vers les villes, une autre vers les terres inoccupées, très-peu vers les prisons et les hospices; elle a fait des artisans et des petits propriétaires, quelques vagabonds, peu de mendiants, peu de criminels.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.