L' Abolition de l'esclavage, tome 1

Page 208

426

ABOLITION DE L'ESCLAVAGE.

L'Angleterre voulait multiplier les échanges, et elle ne le pouvait sans ouvrir son territoire aux produits de l'univers entier ; et cependant, favoriser le travail esclave, n'était-ce pas contredire les vues élevées qui avaient inspiré le grand acte d'émancipation? Le trésor, privé de revenus considérables par les réformes commerciales, avait besoin de retrouver par l'augmentation de la consommation des ressources nouvelles, mais la ruine des colonies le menaçait d'un autre côté de pertes plus graves. Il n'était pas un seul des intérêts engagés dans cette question compliquée qui ne fût en contradiction avec lui-même, et de si grandes difficultés expliquent les hésitations de l'opinion. Cependant les Chambres et l'opinion tinrent ferme au début, en faveur des colonies. Lorsque le cabinet whig proposa au début de 1841, d'abaisser de 63 sh. à 56 sh. le droit sur le sucre1 étranger, le comité de la société abolitienniste de Londres (british and forceign antislavery Society's committee) protesta énergiquement et demanda au moins un ajournement. La corporation des Indes occidentales (west I dia body) protesta de son côté par une longue pétition, mais2 dans une convention générale des abolitionnistes, le 14 mai, l'assemblée entraînée par O'Connell, déclara hautement que le travail libre étant moins dispendieux que le travail esclave, la concurrence n'était pas à craindre, et que, dans l'intérêt même de l'abolition de l'esclavage, il était désirable que la Grande-Bretagne, en multipliant 1

Nous ne parlons que du sucre, parce que c'est le produit principal. - Précis, etc., III, p. 513.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.